Martine autour du monde ...

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Comme le dit Sara Roumette dans son excellent livre « Cuba » paru aux éditions de La Découverte, Cuba est en quelque sorte un pays « schizophrène ».

 

J'ai pu en effet constater qu'ici la vie est double, tout est duplicité, contradiction :

- entre l'idéal affiché partout par la propagande omniprésente (panneaux dans les rues et sur les routes, télévision, journaux …qui vantent un pays où la solidarité, l'abondance, le bonheur règnent en maîtres) et la réalité du quotidien (information inexistante, pauvreté , population à bout de souffle et affamée)

- entre les règles morales revendiquées et l'absence de morale au quotidien (vols, débrouille, contournements des lois, prostitution)

- double monnaie, économie parallèle

- signes d'ouvertures qui sont en réalité de la poudre aux yeux car le seul objectif est de faire rapporter de l'argent à l'Etat (ex : les petites boutiques, les chambres d'hôtes, l'achat de voitures et les échangent internationaux)

- entre un passé mythique et un avenir annoncé radieux ...

- entre l'obligation de se taire et l'exubérance spontanément bavarde des cubains qui font face grâce à la musique, la danse et les blagues, leurs soupapes de survie..

 

Bref, un pays où la « période spéciale » n'en finit d'être très spéciale et n'en finit pas de finir... je ne m'attendais pas à cela, pas à ce point.

 

Il est difficile de porter un jugement tout à fait objectif sur le régime cubain : rien n'est jamais tout noir ou tout blanc… Il est certain que les Etats-Unis en s'acharnant à couper l'économie cubaine du reste du monde, à l'isoler, n'ont pas aidé à la démocratisation du pays.

 

Je crois que personne n'est capable de dire aujourd'hui comment tout cela va finir... il faut attendre, encore attendre.

 

Un chose est sûre, Cuba est en faillite, la grande majorité de la population est sans travail et affamée.  C'est triste à voir.

 

Le mieux c'est peut-être de terminer par une de  leurs blagues préférées :

 - « Aujourd'hui je vais aller faire mes courses à la télévision !»

et une illustration de leur sens de l'humour :

quand je demande s'il est permis de fumer une cigarette dans le patio de l'hôtel, un serveur me répond :

- "mais bien sûr voyons, Madame, vous ne savez donc pas qu'à Cuba, tout est permis ?" 

 

Ceci dit, je voudrais dire que mon voyage à Cuba fut d'un exceptionnel intérêt et toujours surprenant : culture, histoire, musique, danse, hôtels coloniaux au charme fou, guides de très grande qualité. 

 

Merci  à tous les cubains qui m'ont accueillie avec tant de gentillesse.

 

Aller pour finir je vais vous livrer un secret : après mon passage à Cuba, ils ont été tellement contents de tous les compliments que je leur ai fait sur mon blog, que je je suis désormais célèbre et on peut voir mon portrait affiché  dans les rues avec mon grand copain !!

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                                            HASTA LA VICTORIA ! 

 

 

panneau

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Ce matin je vais au marché local de Trinidad : celui où se rendent les cubains quand leur carnet d'alimentation est épuisé. La rue qui y conduit est bordée d'immeubles collectifs dans un état de décrépitude incroyable … sur la place du marché les stands sont rares et presque vides : on y trouve des patates douces, des haricots, des goyaves, des papayes, des oranges moches comme tout (à cause de l'épuisement des sols et du manque d'eau ) des morceaux de cochon, de l'ail, des oignons … c'est à peu près tout. Ce qui ne les empêche pas de faire les clowns, toujours .... 

 

 

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 Les vendeurs viennent au marché en cariole. 

 Des fruits que j'ai découvert là bas : des bananes plantain et des chirimoyas (on ouvre et on mange la pulpe)    

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Je voulais voir la mer des Caraïbes (à 15 km) avant de partir : j'ai trouvé un vieux taxi « au noir » (plaque d'immatriculation jaune, pas de mention taxi, pas de compteur) conduit par un monsieur de 75 ans qui s'est proposé de m'y emmener pour 10 cuc A/R. La voiture datant de 1940 était déglinguée de partout, j'ai dû monter devant car les portes arrières n'ouvraient pas ! Il devait être un peu sourd car il a mis la musique à fond. Bref, 20 minutes plus tard nous sommes arrivés à bon port au bord d'une mer bleue turquoise. J'ai marché les pieds dans l'eau très chaude. Après une dégustation de sandwich dans un bar de plage, j'ai retrouvé mon « chauffeur » qui m'attendait et nous sommes repartis vers Trinidad, sans problème. Il était très content et moi aussi !

 

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A la « Casa » toute la famille s'est réunie dans le patio et nous avons commencé une longue conversation sur la situation à Cuba. Les grands parents m'ont raconté leur vie, comment, avant la révolution ils étaient propriétaires de 2 haciendas à la campagne, et comment Fidel leur a TOUT confisqué en faisant une liste détaillée de tout ce qu'il leur prenait. Ils se sont retrouvés sans rien, sauf cette maison qui leur est « prêtée » par l'Etat et qu'ils rénovent et entretiennent depuis 1960. Leur seule ressource aujourd'hui pour eux et toute la famille est cette chambre d'hôte. Le grand père en parlant s'est mis dans une colère incroyable, racontant qu'ils ne pouvait rien faire d'autre car tout est interdit, qu'ils n'ont aucune information, aucune liberté.

 

Là, c'est un autre grand père, assis sur le trottoir, près de l'entrée de la porte de sa maison, dans la rue qui mène au marché : 

 

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  Et les petits vendeurs de rue, quand ils ont une autorisation :

 

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tandis qu'un monsieur repeint sa maison (toutes les fenêtres sont grillagées comme celle-ci), et qu'un autre, handicapé (il y en a beaucoup ) se risque sur le pas de sa porte :

 

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Les cubains sont – un peu - au courant de ce qui se passe dans le reste du monde, mais sur Cuba, rien. Ils m'ont dit être persuadés qu'après la disparition de Fidel et Raoul,rien ne changera, car la junte qui les entoure ne vaut pas mieux et ça va continuer comme ça.

 

Comme je leur faisais remarquer que tout le monde me disait la même chose et que je ne comprenais pas pourquoi, dans ces conditions, ils ne se « révoltaient pas » pour essayer de faire changer les choses, ils m'ont dit que c'était impossible : tous ceux qui essayaient de protester, se font tuer, assassiner, ou emprisonner à vie. Ils m'ont confirmé aussi l'existence du marché noir à tout va, et même par exemple en ce qui concerne les médicaments : lui est asthmatique et doit acheter son pulvérisateur au marché noir dans la rue 10 fois plus cher car il n'y a plus de médicaments dans les hôpitaux. C'est vrai que j'ai souvent été surprise de voir, dans un pays réputé pour son bon niveau de médecine et de soins, autant de handicapés  et de gens qui s'échangent des pilules dans la rue. Ils m'ont affirmé que la réputation de Cuba en ce qui concerne la médecine est fausse. Il n'y a qu'un seul très bon hôpital à Cuba, c'est l'hôpital international ( celui où Hugo Chavez se fait soigner), mais là il faut payer et les cubains ne peuvent pas y aller. Bref, l'idée que l'on se fait sur la médecine à Cuba serait à revoir. Tous les médecins, qui veulent partent à l'étranger (Amérique latine essentiellement) où ils sont mieux payés, rapportent surtout beaucoup d'argent à Cuba du fait des taxes que les pays d'accueil doivent verser à l'Etat cubain. D'ailleurs leur fille de 15 ans m'a dit qu'elle voulait faire des études de médecine, "pour partir" . 

 

Voilà, il est 18h et il fait nuit noire, demain départ tôt pour un retour à La Havane.

  

Sur la route du retour il m'est arrivé une petite aventure :

le taxi devait venir me prendre à la Casa, et puis coup de téléphone : c'était à moi de me rendre au grand hôtel de la place centrale où on m'attendait … c'est donc le papy qui a traîné ma valise sur les pavés des rues... je me suis dit que, s'il  tenait le coup ainsi que la valise, j'aurais de la chance ! Bref, on est arrivé au fameux hôtel « Trinidad Star » , où dans le hall, un grand gars, noir, très bien fringué et cravaté, pantalon noir et chemise blanche  m'attendait : j'ai halluciné : Obama !! … mais non, hélas : ce n'était que son sosie... !

J'ai embarqué dans sa très belle et grosse voiture blanche, vitres teintées, clim, et tout et tout … de quoi se prendre pour la vraie "Princesse de Cuba" conduite par Obama en personne ! D'ailleurs le Obama en question s'est révélé être un véritable « charlatan » qui n'a pas arrêté une seconde de jacasser très fort avec son coéquipier … je me suis dit que ça devait être un sacré numéro ce gars !

Deux heures plus tard, sur la route, le voilà qui freine brusquement, se gare sur le bas côté et fait marche arrière … pour parlementer avec un autre taxi stationné de l'autre côté , de la même compagnie  que la sienne (Cubataxi, la compagnie nationale),  et qui allait donc vers  Trinidad …

et voilà qu'on nous fait changer de véhicule : des anglais, qui semblent aussi ébahis que moi, montent avec Obama, et moi, je suis priée de m'installer dans l'autre ! Tout ça sans explication … hop ! Ils font tous les deux demi-tour, et me voici donc repartie direction La Havane avec mon deuxième chauffeur ! Je perds au change car ce taxi-là est vétuste, et le nouveau chauffeur est loin de ressembler à Obama !!

Il s'arrête à un bar où il n'hésite pas à se prendre une petite bière, et nous poursuivons la route … à 140 à l'heure! Vu l'état de la chaussée et les mauvaises suspensions, j'étais broyée et morte de trouille... Au bout d'une heure, je finis par lui demander timidement s'il n'y aurait pas, par hasard, une limitation de vitesse sur l'autoroute à Cuba : « si » me répond-t-il, 90 !... il baisse alors la vitesse, mais 10 minutes plus tard, l'habitude avait repris ses droits : 140 jusqu'à La Havane où nous sommes finalement arrivés avec 2 heures d'avance sur l'horaire prévue au départ !!

J'ai fini par comprendre : Obama habite Trinidad et l'autre La Havane … donc ils ont changé en cours de route, histoire 1°) de gagner quelques heures de repos « à la maison » et 2°) de faire la moitié d'économie d'essence … qui passera forcément dans leur poche (ou dans leur bidon perso.) ! Et voilà l'affaire est dans le sac !

Cette histoire est un bon exemple du système de « débrouille généralisée » à Cuba.

  

Pour me détendre, j'ai quitté mon hôtel pour aller dîner à l'hôtel O'Farril où on m'a accueillie à bras ouverts, et où mes chanteurs préférés m'ont fait le plaisir d'une petite chansonnette  .

 

Car je suis pour les 2 dernières nuits à l'hôtel « Los Frailes » ce qui signifie « les religieux », situé près de l'église Saint François d'Assise. Mais j'aime beaucoup moins et pour ceux qui voudraient venir ici je conseille plutôt le premier.

 

Enfin pour ma dernière journée à La Havane, j'ai voulu changer de quartier et aller voir (à pied 15km eh oui ! ) « Centro Habana ». Pendant 5 heures j'ai parcouru ce quartier très populaire dans tous les sens, en longeant le Malecon à l'aller. Là il n'y a pratiquement aucun touriste. On est en contact direct avec la vie quotidienne des cubains, de leurs immeubles délabrés, des boutiques vides (il est affiché que les libretos sont épuisés jusqu'à nouvel ordre !), des queues interminables devant les 2 mini « super- marchés » que j'ai vus ...et où je n'ai pas pu rentrer car j'avais... un sac à dos. Des personnes de tous âges assises désoeuvrées partout sur les trottoirs...

 

J'ai rencontré un monsieur adorable qui m'a emmenée dans une communauté culturelle fondée par le plus célèbre peintre de peinture « murale » de Cuba (Alberto Gonzalès que j'ai salué d'ailleurs car il était là).

 

 

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Voilà en vrac : le Malecon et les immeubles qui le bordent, une rue, un atelier de cordonnerie, les gens qui font les poubelles, l'avis de suspension des carnets d'alimentation,  une entrée de maison dans la rue Obispo,  une file d'attente devant le "super-market" ...  et j'en passe!

 

Demain réveil à 3h du matin direction l'aéroport pour Cancun au Mexique.

                                                                   

Merci Cuba. Une grand expérience ... mais trop courte ... moi aussi je reviendrai  !

 

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Trinidad est la plus jolie ville que j'ai vue jusqu'à présent : classée au Patrimoine Mondial de l'Humanité en 1988, elle le mérite vraiment le détour !

Bourgade paisible de 45 000 ha. bordée au nord par la Sierra del Escambray (ci dessous), un des refuges des révolutionnaires, elle a un charme fou.

 

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Troisième colonie espagnole elle est aujourd'hui comme figée dans le temps : fin 18ème début 19ème, elle fut très riche grâce à son sucre et ses 6 000 esclaves sur une population totale alors de 9000 habitants. C'est à cette époque que quelques très riches familles espagnoles et autres, qui se faisaient concurrence, construisirent des maisons toutes plus belles les unes que les autres, avec de larges patios intérieurs. On retrouve tout ce passé dans le « Musée Romantico ». Magnifiques vestiges du mobilier et objets d'époque, de tous les pays passés par ici.

Puis la ville s'est endormie pendant plus d'un siècle pour revivre grâce au tourisme.

Aujourd'hui, visiter Trinidad, c'est comme faire un bond de plusieurs siècles en arrière à travers les rues et les places de ce joyau colonial, des maisons sans étage avec des toits de bois en pente, aux douces couleurs pastel, roses, bleues, vertes, jaunes, dont les fenêtres sont protégées par des barreaux en "bois roulé" ou plus tard en fer forgé, avec ses chevaux, ses "bici-taxi", ses vendeurs de rues, son artisanat très diversifié, beaucoup d'ateliers de peinture, et bien sûr la danse, le chant, la musique … et tout ce qui fait le charme et l'authenticité de celle que l'on qualifie ici de « plus belle ville du pays »... rien que ça ! :)

 Voici ma rue, et la "Palza Mayor" :

 

 

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Je suis logée pour 3 jours dans une famille : la "casa particular" de la famille Toledo, la Casa Lorente, rue Lino Perez, (25 cuc la nuit) une jolie maison coloniale avec une superbe entrée, un patio verdoyant et une seule chambre d'hôte, la mienne. La maison abrite 3 générations . Il y a Lazaro et Yamillé les parents, Antonio le grand père, la grand mère, et les 2 filles de 15 et 17 ans dont l'une doit partir bientôt pour faire son « service à la campagne » comme tous les jeunes.

 

La Casa "Lorente" , l'entrée avec quelques fauteuils récupérés de leur ancien domaine et le patio (ma chambre à gauche) :

 

 

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Les familles qui obtiennent l'autorisation d'ouvrir des chambres d'hôtes doivent reverser à l'état un forfait annuel de 250 cuc.

Le grand père en particulier est vraiment charmant. Quand il m'a vu sortir mon ordinateur portable, il m'a dit que eux, les cubains « de base », n'avaient pas le droit d'aller au centre téléphonique où je me suis rendue hier pour écrire quelques mails rapides. Quand je lui ai demandé pourquoi... il m'a fait le signe de croix sur la bouche.

Ce centre téléphonique, seuls les touristes et les cubains « qui ont une autorisation » peuvent y entrer. D'ailleurs c'est vrai, j'avais remarqué le contrôleur à la porte.

 

J'ai visité Trinidad avec un guide, excellent, comme d'habitude … Nous sommes allés à la Casa Trova (ci dessous) boire une «conchanchara » l'apéritif local, qui se boit à toute heure de la journée : mélange succulent de miel, de citron, d'eau, et d'eau de vie servi très frais avec des glaçons. En sortant j'avais un peu de mal à marcher sur les pavés inégaux de la rue pleine de trous.

casa de la Trova (2)

 

Il m'a expliqué les différents instruments de la musique cubaine (la Changui) : le clave, le maraca, le guiro (ces 3 là à base de calebasse), la contrebajo, les gongoses (petits tambours), la trompeta, la tres (guitare cubaine à 6 cordes regroupées par 2), le cencerro (la sonnaille) … ils ont joué du SON (musique africano-espagnole) qui a donné plus tard la salsa, ainsi que les différentes danses (ou rythmes cubains) dont certaines ont le même nom que la musique : le Son ou Son Montuno, la Rumba plus ancienne dansée autrefois par les esclaves, le Guaganco, la Salsa, le Cha cha cha, et la danse nationale : le Danzon.

 

                                  groupe

 

Nous avons aussi vu un « santero » un prêtre de la Santeria, entre pratiques animistes, rituel africain, catholicisme et spiritisme. Cette pratique se développe de plus en plus à Cuba. Sans doute à cause de la crise, et du besoin de s'évader. Le santero entre parfois en transe. Les prêtres sont toujours habillés de blanc, leurs cérémonies sont ouvertes au public... Leurs divinités sont très nombreuses. A Trinidad, c'est surtout Yémaya, la déesse de la mer qui est vénérée. Elle est noire, habillée de bleu comme la mer. Si j'avais voulu, il aurait pu me prédire mon avenir, mais je n'ai pas voulu, ça aurait pu me porter malheur !

 

 

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Mon guide se plaint lui aussi de la pauvreté, du fait que les gens qui ont fait des études, les médecins, les infirmières, les professeurs sont les plus mal payés de la société cubaine, alors que les métiers tels que les marchands quels qu'ils soient, commerçants, maçons etc... sont plus riches grâce au marché noir. Quand je lui demande ce que signifie exactement « marché noir » dont j'entends parler depuis le début de mon séjour ici, il me répond sans détour : le vol. Tout le monde vole (l'employé, le boulanger, le maçon …) un peu de nourriture, de matériel … Il y en a même qui volent l'essence dans les stations services car l'essence est très chère ici : 1,4 CUC le litre, à peine moins chère qu'en France... , ainsi on vole tout ce qu'on peut, pour le revendre au marché noir et gagner de quoi manger. Et tout le monde le sait. Bref, il est plus intéressant d'exercer un métier « où l'on peut voler »... , ou bien travailler dans le tourisme grâce aux pourboires.

Malgré le charme de cette ville, les problèmes sont les mêmes qu'ailleurs, les gens mendient, les femmes demandent du savon, un T-shirt, un peso...

 

Hier, alors que j'étais attablée dans une pizzeria, j'ai observé une bande de 4 jeunes, dont l'un était manifestement le chef : ils avaient les poches pleines de paquets de billets qu'ils n'arrêtaient pas de compter et de s'échanger les uns les autres. Je n'ai pas compris leur manège... j'en ai parlé au guide qui m'a juste dit qu'il les connaissait.... Preuve supplémentaire que tout se sait mais que le silence est la règle. 

 

J'ai eu la chance d'assister à une distribution dans une "boulangerie d'Etat" (panaderia),  où les gens viennent pour acheter la quantité de pain à laquelle ils ont droit avec leur « libreto » : le camion est arrivé avec des sacs de farine et tout le monde s'est précipité, ça a presque fait une émeute !

 

  001disribution de pain dans une libreta

    

  A côté, des grand-pères jouaient tranquillement aux dominos sur le trottoir : le flegme cubain ... 

  003 dominos

 

Enfin ce soir je suis retournée à la Plaza Mayor où je sais que tous les jours la musique y bat son plein. C'était génial, un groupe de 5 musiciens créoles, cheveux longs et bandanas, ont chanté et joué tout en dansant des chansons du Buena Vista Social Club : superbe ! une ambiance de folie... tout le monde s'est mis à danser dans la rue, même sur les marches d'un escalier  !

 

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Sur le chemin du retour, vers 21 heures - une exception ! -  je suis entrée dans une grande salle  où j'avais aperçu des enfants apprenant à danser...tout le monde danse ici, et comme les portes sont grandes ouvertes à cause de la chaleur, on entre, on discute, on échange, on fait des photos, ça ne dérange personne. A Cuba, d'une façon générale, les gens acceptent très facilement qu'on les photographie.  

 

 

 

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Pour aller à Cienfuegos la route (5h ) est plate, pas de montagnes.

Cienfuegos est une ville de 150 000 ha., fondée par un militaire français début 19ème, puis agrandie par le capitaine général de l'île : « Cienfuegos ». Capitale industrielle de la province du même nom, et jumelée aujourd'hui avec la ville de Saint Nazaire!

Il y a une raffinerie de pétrole (importé du Vénézuela) et une cimenterie. C'est la première fois que je vois des industries ici. C'est aussi un port important, avec des bateaux (décatis), et surtout la ville de José Marti, le grand libérateur, dont la statue se dresse au centre de la jolie place principale.

 

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La ville est harmonieuse, avec de très beaux édifices dont une cathédrale, elle est colorée, agréable et très calme.... et le Che jamais très loin ! 

 

 

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Noël, qui commence à me connaître, m'a emmenée dans le quartier des « HLM », une horreur, mais pas de photos …

Il m'a dit aussi qu'il existait des « casas particulares » pour les cubains exclusivement (même logo que pour les touristes, mais noirs)

 

Il m'a expliqué que Cuba importait pratiquement tout: même le sucre ! Le sable pour le bâtiment, le pétrole, les vêtements, le blé, le coton, la farine, les aliments pour les animaux, les pâtes, la viande, les haricots … bref, aucune autosuffisance. Même les bus (de l'armée) pour touristes, les «Transtur » bleus et blancs, que l'on voit partout, viennent de Chine.

 

A Cienfuegos aussi les gens « mendient », se postent pas loin de l'entrée des hôtels de touristes, et demandent le savon, le shampoing … que l'on retourne chercher dans nos chambres. Leur technique est au point !

 

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Ci-dessus des panneaux "propagande" comme on en voit des tonnes ! Je ne sais pas s'ils reviendront (Volveran), mais en tout cas ils sont toujours là !

 

Comme d'habitude je boycotte les restaurants des hôtels et ce soir je suis allée juste en face le mien, dans un petit local italien où j'ai très bien diner pour 4 CUC.

Demain départ à 8h pour Trinidad.

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Sur la route de Pinar Del Rio, dans la sierra Rosario, on découvre « Las terrazas » au coeur d'un très beau paysage.

 

Cet endroit était exploité par les français au 19ème, pour le café. Il y eut alors beaucoup de déforestation. Dans les années 70, Cuba entreprit la reforestation de cette zone montagneuse par des paysans qui y furent envoyés, contraints. Ils ont été aujourd'hui regroupés dans la « communauté de Las Terrazas » et travaillent au maintien de l'environnement, et l'organisation d'un projet touristique, dont l'hôtel Moka où je loge.

 

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L'attraction essentielle est la rivière et ses « piscines » où l'on peut se baigner quand on ne craint pas trop l'eau froide, mais c'est très joli. En revanche les « barres » en préfabriqué dans lesquelles logent les ouvriers cubains sont assez déprimantes et en très mauvais état comme d'habitude.

 

Noël m'a emmené voir une ancienne "encommienda" où les esclaves faisaient le tabac au 19ème. On y voit encore les « barracones », les anciennes cabanes en pierre, où ils étaient logés, et la roue qu'il faut pousser pour écraser les feuilles de tabac.

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La végétation dans cette endroit est incroyable : des palmiers  "royaux" d'une cinquantaine de mètres de hauteur (j'adore leurs troncs tachés), et des almacicos, arbres au tronc rouge dont l'écorce cuite dans de l'eau est réputée soulager les maux d'estomac.  On trouve ces arbres partout en Amérique latine (mais là, je les découvre).

 

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Sur la route, Noël  m'a confirmé que maintenant les cubains avaient le droit d'acheter, à l'étranger, des voitures « qui marchent », mais pas n'importe qui et n'importe comment : il faut avoir de la famille ou des amis dans le pays depuis un certain temps, la faire acheter par eux, revenir avec la voiture, payer des taxes... donc peu de cubains peuvent se le permettre. Même chose pour l'achat ou la construction d'une maison. De toute façon, aucun cubain ne peut s'acheter une maison, c'est trop cher et trop long, trop de paperasses. Souvent, une famille entière, sur plusieurs générations vit dans une ou deux pièces.

Ci-dessous les bus pour les cubains et les bus pour les touristes (2 Compagnies pour eux : Transtour et Transgovia)

 

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Il pense que rien ne changeait avec Raoul, un homme sans aucun charisme, pas très intelligent , incapable de parler sans son papier, extrêmement autoritaire... et il est très inquiet pour l'avenir de son pays.

 

Pour essayer de m'éloigner un peu des touristes de l'hôtel qui m'agacent de plus en plus car ils restent entre eux sans jamais m'adresser la parole, (mais j'ai l'habitude !) , je suis allée déjeuner ce midi et dîner ce soir (avec ma lampe de poche car il faut nuit noire dès 18h) à la « cafeteria » un petit resto local situé près de la rivière pour 1 CUC ( (au lieu de 15 à l'hôtel!) . En fait il faut payer en peso local, mais la dame m'a dit que je pouvais lui donner un peso convertible. J'ai dîné avec 2 français routards (c'est rare les français dans ce genre d'établissement!), un père et son fils qui parcourent Cuba en vélo!

 

Demain départ pour Cienfuegos.

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Ce matin j'ai fait la connaissance de Noël, le « guide-chauffeur » qui va m'accompagner pendant quelques jours.

Il est vraiment génial, comme tous les guides que j'ai pu rencontrer jusqu'à présent : très gentil, très cultivé et parlant sans détour de son pays. Une chance ! En plus il parle un peu français, à peu près comme moi espagnol, et donc nous avons décidé qu'il me parlerait en français et moi en espagnol, et que nous nous corrigerions réciproquement ! Il était électronicien dans le temps, mais depuis 1990 il n'y avait plus de travail, donc il s'est reconverti dans le tourisme.

 

A La Havane, tout le monde m'avait dit, que personne ne savait où habite Fidel … et bien Noël m'a fait passer devant sa maison, dans le quartier de Miramar. Pas le droit de prendre de photos bien sûr … de toute façon il n'y a rien à voir car la propriété est entouré d'arbres qui forment une véritable muraille. Seul un gardien en civil est posté devant le portail.

 

Vinales est un village adorabe, aux petites maisons traditionnelles aux toits de chaume ou de tôle ondulée, colorées, agrémentées de vérandas soutenues par des piliers. Calme et paisible. La vallée de Vinales, est verdoyante, recouverte d'arbres aux couleurs éclatantes, un peu cultivée, la réserve à tabac du pays. En route, nous avons donc visité une  plantation familiale de tabac  : elle appartient à l'Etat bien sûr, et le cultivateur doit lui reverser 90% de ses bénéfices!

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Fabriquer des cigares n'est pas une mince affaire : les graines de tabac ont été semées il y a trois semaines environ et commencent juste à pousser.

Le tabac pousse vite, encore quelques semaines de plus, et on pourra enlever délicatement les feuilles, en commençant par celles du bas de la tige, les trier, les faire sécher pendant plusieurs mois dans les « casas de secado », avant de les moudre et chaque cigare (la tripe) sera moulé puis enroulé dans 5 feuilles différentes de plus en plus fine et souple (les capas).

  

Nous nous sommes arrêtés aussi chez une dame qui fait visiter son jardin horticole, immense et rempli de centaines d'espèces de fleurs, de plantes, d'arbres fruitiers.

 

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Cacao (à gauche)  et calebasse (à droite, pour la musica !)

goyave  et l'arbre sacré : le ceiba   (ci- dessous)

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Caramboles et "queues de chat" : 

 

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 Champ de tabac, hangar à séchage, préparation des tripes, et cigares finis :

 

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Enfin nous sommes allés voir la « grotte de l'indien » ainsi que le "mur de la préhistoire", alors là vraiment un attrape nigaud : une attraction pour touristes à éviter !

 

Puis, arrivée à l'hôtel « La Hermita » qui surplombe un magnifique paysage parsemé de pains de sucre impressionnants : les « mongotes » … on se croirait au Vietnam dans la baie d'Along terrestre. La vallée de Vinales est très belle, beaucoup d'habitants se déplacent à cheval, en charrette, ou même à dos de buffle ...

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L'hôtel est charmant … mais il n'y a pas d'eau au robinet ! donc pas de toilette ce soir. J'apprends en effet que la région est en manque d'eau chronique. ll n'a pas plu depuis 3 mois. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs on ne cultive pas de riz ici.


En revanche excellent repas « buffet » pour 10 CUC . Un hôtel que je recommande.

Je dois partir demain, mais j'y serais bien restée plus longtemps ...

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J'arrive à La Havane à 21h (3h du matin en France), après un « jour- nuit » sans fermer l'oeil, en même temps que 6 autres gros porteurs : autant dire qu'il y a foule de touristes ! Et qu'il me faut plus d'une heure avant de m'en sortir, après de multiples contrôles, prise de photo, etc...

 

Cuba touristique

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Une jeune femme, Odalize, m'attend et nous sympathisons tout de suite avant de parcourir les 17 km qui rejoignent le centre de la ville. Il fait nuit, la grande autoroute à 6 voies est vide... je me demande où ont bien pu passer tous ces gens de l'aéroport. Sur les bas côtés, une banlieue manifestement très pauvre à peine éclairée... puis on traverse le quartier de Centro Habana et la Place de la Révolution, avec ses grands portraits, éclairés eux, du Che, d'un côté, et de Camillio Cienfuegos, de l'autre. Le chauffeur très sympa, m'explique les quartiers traversés.

Les rues sont toujours désertes, les rares véhicules roulent à toute vitesse … je stresse un peu et demande au chauffeur s'il n'y a pas de limitation en ville, il me dit : si, 50 ! Il y a 2 sortes de taxis : les officiels (plaque d'immatriculation bleue) et les non officiels (plaque d'immatriculation jaune). Je constaterai par la suite, que tout est comme ça ici : l'officiel et le non officiel.

Mon hôtel « O'Farrill » de style andalou, avec un magnifique patio, est très bien situé dans la Habana Vieja, mais le tuyau d'écoulement de eaux qui passe juste à côté de ma chambre fait un bruit d'enfer et m'empêche une nouvelle fois de dormir. Je change de chambre le lendemain !

 

Pendant 2 jours je vais parcourir le quartier de la « Habana Vieja » clasée au patrimoine mondial par l'UUNESCO en 1982, dans tous les sens, quartier le plus ancien, témoignage de la période coloniale espagnole, en pleine rénovation (qui devrait être terminée en 2050!), le plus touristique, le plus vivant peut être aussi. Avec ses bâtiments du 16ème au 19ème siècle, les restes de ses anciennes fortifications, ses maisons en calcaire qui s'effondrent, la plaza de armas, la plaza vieja, la magnifique cathédrale construite par les jésuites au 18ème siècle, le Capitolio construit de 1920 à 1929, copie de celui de Washington, le Prado qui relie le Malecon, une immense promenade de 7km, le long de la baie de la Havane …

 

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 Le Malecon, la Cathédrale, entrée d'immeuble, promenade en "bicitaxi" :

 

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J'ai passé plus de 2 heures au « Musée de la Révolution » dédié à l'histoire du pays et surtout bien sûr à la gloire de Fidel Castro que l'on voit sur des centaines de photos qui retracent sa vie et son parcours.

 

Plusieurs choses me frappent immédiatement en arrivant ici : la grande pauvreté de la population et l'état de délabrement des habitations. Derrière les façades parfois correctes se cachent des entrées d'immeubles dans un état de saleté et de dénuement impressionnant.

Les petites rues sont défoncées, à tel point que prendre un pousse-pousse devient un véritable expoit! Les voitures sont rares, les tuk tuk et les taxis les remplacent.

 

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Ce que je vois de la fenêtre de mon hôtel , et mon hôte (O'Farril)l ! 

avec un excellent groupe de musiciens "Son de Oro", dont j'ai acheté le disque 

 

Les gens manquent d'argent, ils ont faim. Ils vivent dans des maisons complètement décaties. Ils « mendient » beaucoup à leur façon, c'est à dire qu'avec un savoir faire bien rodé ils apostrophent le touriste par des « amigo ! » à n'en plus finir pour quémander un peso … Ils engagent la conversation sur n'importe quel sujet pour finir par demander de l'argent que l'on ne peut refuser. C'est ainsi qu'une jeune femme est venue m'aborder pour me présenter ses deux petits enfants, parler avec moi de tout un tas de choses, puis elle a fini par me demander si je voulais bien la suivre pour voir un « magasin d'alimentation », ces magasins où se rendent les cubains pour acheter leur nourriture avec leur ticket de rationnement (les libretos) ce que j'ai fait bien sûr. Là, dans un magasin qui ressemble un peu à un petit « Lidle » de chez nous, j'ai vite compris qu'elle avait épuisé tout ce à quoi elle avait droit, et que je devrai payer pour elle. Elle a commandé une énorme quantité de nourriture qu'elle s'est fait mettre dans deux grands sacs en plastique … il y en avait pour 50 euros ! J'ai dû négocier quand même un peu pour qu'elle en rende une partie. Puis elle a disparu très vite...

 

Par la suite à de nombreuses reprises j'ai pu constater que les gens avaient vraiment faim, c'est leur plus gros problème. Les carnets d'alimentation ne sont pas suffisants, tout est dépensé en quelques jours et comme ils ne sont pratiquement pas payés même s'ils travaillent beaucoup, ils ont des difficultés à survivre. Heureusement les touristes sont là.

 

Mais il y a bien d'autres façons d'aborder le touriste : se déguiser, danser, chanter, prendre des photos... 

Je me suis rendue compte et cela m'a été confirmé que Cuba vit « au noir », tout se joue sous la manche. Le marché noir est omniprésent dans tous les domaines et pour tout le monde. C'est en quelque sorte un marché noir « autorisé » sinon légalisé.

 

Les cubains de La Havane chantent et dansent beaucoup. Ils aiment ça : la salsa est omniprésente, à chaque coin de rue, dans les bars et les cours des habitations.

Ils parlent beaucoup aussi. J'ai l'impression que contrairement aux Birmans par exemple, qui dans leur grande majorité se taisent et ne quémandent jamais, les cubains se « défoulent » sans crainte, avec les touristes. J'ai notamment été surprise de la liberté de parole des guides qui n'hésitent pas à nous dire tout ce qu'ils ont sur le coeur et sont très critiques avec leur régime. Odalize m'a tout de suite plu pour ça, et Miguel aussi, le guide de Christian et Jocelyne avec qui j'ai passé une journée : nous avons été heureux de nous retrouver ici, quelle coïncidence !

 

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J'ai fait aussi hier une autre belle rencontre : un jeune homme de 30 ans très « noir » rencontré dans la rue, qui m'a emmené déjeuner chez un de ses amis dont la mère tient une « paladar », un "restaurant privé" chez elle : nous sommes donc rentrés dans sa petite salle à manger et nous avons discuté pendant plus d'une heure : Yoaundry m'a raconté sa vie et son envie de partir le plus vite possible retrouver sa mère partie à Miami il y a 5 ans. Il a fait des études, parle anglais, et travaille comme assistant dans un atelier d'art : 50 euros environ par mois. Il m'a expliqué qu'il n'arrivait à vivre que parce que sa mère lui envoyait 100 euros par mois via Western Union. Il met cet argent de côté pour pouvoir se payer son « exil » aux USA. Il pourra le faire dans la mesure où sa famille est là bas. Mais cela coûte très cher, surtout les visites médicales à faire avant de partir (800 euros), ainsi que tous les papiers, démarches, et billet d'avion. Nous devions nous revoir aujourd'hui, mais cela n'a pas été possible, alors il vient de me téléphoner, tout triste, à l'hôtel. J'essaierai de le revoir avant de partir.

 

Le voyage c'est toujours ça aussi : un peu de culpabilté et de tristesse quand l'on ne peut revoir ni aider ceux qui en auraient besoin.

 

Demain je pars pour Vinales... avant de revenir une journée ici à la fin de mon séjour à Cuba. Ce sera avec plaisir car La Havane, malgré sa pauvreté est tout de même une ville pleine de charme qui ressemble à Séville ou Cordoue.

 

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Ola  Amigos ! Estoy a Mexico y yo puedo al fin  utilizar  wifi !  

 

 

 

 

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Carte d'identité

 

Régime : république parlementaire socialiste à parti unique.

La Constitution définit le pays comme un "Etat socialiste des ouvriers et des paysans". Le PCC est le seul parti légal. Le pouvoir législatif est exercé par l'Assemblée nationale (589 membres élus pour 5 ans au suffrage universel). Le système électoral est du type scrutin à deux tours. Les personnes autorisées à se présenter sont sélectionnées par la "Commission nationale de candidature". L'Assemblée nationale élit le Président de la République. Chacune des Régions et des 169 Municipalités est dirigée par un comité exécutif.

 

- Superficie : 114 525 km2 îles comprises (1/5 de la France)

- Population très métissée : 11,2 millions d'habitants - 102 ha/ km2. Les habitants sont en grande majorité blancs, puis métis et noirs.

- Capitale : La Havane avec 3 millions d'habitants banlieue comprise.

- Langue officielle : l'espagnol parlé par 90% de la population, les autres parlant des langues immigrantes : donc un pays très homogène sur le plan linguistique.

-Religion : catholique et "santéria" (syncrétisme religieux : catholicisme, animisme et rites africains)

- Monnaie nationale : à Cuba il y a 2 monnaies : la monnaie "pour les cubains" : le peso ou CUP (1€=32 pesos cubains) et le peso "convertible" ou CUC qui a remplacé "pour les touristes" le dollar américain en 2004 (1 CUC = 26 CUP = 0,75 € le 16 août 2011).

- Le salaire moyen se situe aux alentours de 20/25 euros par mois, malgré le doublement du salaire minimum en 2005

-Commerce : la balance commerciale excédentaire (aujourd'hui le tourisme rapporte plus que le sucre)

Cuba possède les 2èmes réserves mondiales de nickel. Il est 3ème exportateur mondial d'agrumes, mais n'a pas été épargné par la crise, et la croissance du pays aurait été de 2 % en 2010, P

- PIB par habitant : 5854 dollars : 76ème rang (PIB/hab.France : 35 000)

- un taux de chômage de 1,7%

- Education : L'analphabétisme est inexistant : 99% des enfants vont à l'école primaire, et il y a 50 universités. Le français est la langue étrangère la plus enseignée. Tout étudiant est dans l'obligation de donner 2 ans de "service social" à l'Etat souvent dans les régions éloignées

- Santé : Le niveau de la santé est très bon... à vérifier sur place ! L'espérance de vie : 77,9 ans. Les hôpitaux ont le meilleur niveau d'Amérique Centrale

- Presse : toute la presse écrite, les médias et la télévision sont contrôlés par le gouvernement.

Les journaux du Parti : Granma, Trabajadores et Juventud Rebelde

Les cubains ne peuvent pas capter les télévisions étrangères. Internet est interdit et contrôlé par le Ministère de l'intérieur (et ça coûte très cher!). L'accès à certains sites est interdit sous peine de prison. Il n'existe pas de publicité commerciale.

-Ce pays est membre de plusieurs organisations internationales dont : l'ONU, l'OMC, l'OEA, le CIO.

Géographie :

caraibes20Les Caraïbes sont divisées en deux grandes régions distinctes : les Grandes Antilles (Cuba -Haïti - République dominicaine - Jamaïque - Porto Rico) et les Petites Antilles.

L'île principale de Cuba est la plus grande des îles Caraïbes (114 525 km2 si l'on compte les petits archipels autour de l'île principale - 5 fois plus petit que le France : 551 500 km2), en forme d'un crocodile de 1250 km de long de la tête à la queue, et 200 km dans sa plus grande largeur. Elle est essentiellement plate en dehors de petites "sierras" dont la fameuse Sierra Maestra à l'ouest de Santiago où le pic Turquino culmine à 1974 m. l'île la plus importante est le "Isla de la Juventud" :3056 km2

L'ouest de l'île est appelé "Occidente" et l'est "Oriente". Le fleuve le plus long, le Cauto fait 370 km de long.

L'île est entourée au nord par le détroit de Floride, à l'est par l'océan Atlantique, au sud-est par le passage du Vent, au sud par la mer des Caraïbes, à l'ouest par le détroit du Yucatan.

 

Histoire :

 

La première occupation de Cuba par les populations amérindiennes remonte à 2000 av. JC

 

- En 1492 Christophe Colomb débarque à Cuba (qui signifierait "terre") dans ce qu'il croit être la Chine

L'île est alors peuplée de 2 peuples amérindiens : les Arawak (les Grandes Antilles étaient le centre de leur civilisation), et les Caraïbes dont le groupe majoritaire sont les Taïnos , de pacifiques agriculteurs qui vivaient nus, se peignaient le visage et le corps, portaient des amulettes, des masques …Leur société était très hiérarchisée (noblesse, prêtres, peuple). Les Taïnos vivaient dans des villages où ils occupaient des huttes que l'on trouve encore aujourd'hui dans les campagnes cubaines. La maison du cacique, située sur la place centrale, servait de temple pour le culte des différentes divinités (les zémis). Ils étaient de très bons agriculteurs, chasseurs, pêcheurs, artisans. Ils commerçaient avec les autres îles et même les tribus du Mexique auxquels ils fournissaient des plumes de perroquet. Ils avaient un goût prononcé pour le chant et la danse. On dit souvent que ces peuples indigènes avaient tous disparu à la fin du 16ème siècle, mais il semble que des groupes isolés aient survécu jusqu'au 19ème surtout dans les montagnes.

 

Christophe Colomb reviendra dans le coin en 1494 pour installer la première colonie espagnole sur l'île toute proche d'Hispaniola dont le gouverneur espagnol va décider la conquête de Cuba, entreprise dont il charge Diego de Velasquez..

 

- En 1510 la colonisation espagnole commence lors de l'expédition de Diego Velasquez de Cuellar avec l'exploitation des métaux précieux, le massacre des populations indigènes et l'appel aux esclaves noirs en provenance du Bénin et du Nigeria.

Les africains qui arrivent comme esclaves sont issus de 5 groupes ethniques majeurs : Yoruba, Mandinguas, Congos, Carabalies, Bantous. Un millier d'esclaves noirs arrivent à Cuba en 1527, mais la traite ne prend vraiment son essor qu'à partir de 1595.

En 1513, l'île devient la base de départ des conquistadors : Cortès part pour le Mexique, Pizarro pour le Pérou où se trouvent l'or et l'argent des Incas, et la mer des Caraïbes est envahie par les pirates (Drake, Morgan). Les missionnaires franciscains et dominicains arrivent car les rois catholiques considèrent l'évangélisation des Indiens comme leur premier devoir…

Velasquez crée 7 cités, les villas, (dont Santiago qui a pour maire un certain Cortès) et les "encomiendas" pour répartir les indiens entre les domaines auxquels ils seront rattachés de force et où ils devront servir.

 

Des mouvements de syncrétisme apparaissent entre esclaves et propriétaires créant de nouvelles combinaisons génétiques, et de nouvelles souches culturelles.

Mais aujourd'hui il n'y a pratiquement plus d'habitants de souche aborigènes, juste un mélange racial unique (mélange d' espagnols, d'africains et de métis), qui est d'ailleurs la spécificité de la population cubaine actuelle, ce qui n'empêche pas l'existence de deux classes sociales clairement définies:

- les cadres dirigeants du gouvernement et de la nomenklatura (niveau de vie très élevé, maisons somptueuses et accès aux hôtels de luxe …)

- le reste de la population cubaine qui se caractérise par un fort taux de paupérisation, une vie difficile sous tous ses aspects, une quantité de nourriture journalière réglementée par ticket d'alimentation…etc….ce qui est à l'origine d'un marché noir florissant !

- Il faut ajouter à ces deux classes une catégorie un peu particulière: celle des touristes et résidents étrangers. Des infrastructures spécifiques ont été construites pour les accueillir (les hôtels de Varadero surtout) . Ils ont leur propre réseau de transport en commun et bénéficient d'un niveau d'accueil de luxe. Ils ont leur propre monnaie, le CUC, et représentent la première source d'importation de devises fortes pour l'Etat.

 

En 1607 La Havane remplace Santiago comme capitale. La culture du tabac et de la canne à sucre se développe. Le sucre est devenu l'élément essentiel de l'économie.

 

En 1789 l'autorisation d'introduire librement des esclaves succède au système de contrôle et de contrats. La traite devient alors une source d'activité des plus lucratives et dans le siècle qui suit c'est environ un million d'esclaves qui arrive à Cuba.

 

En 1809 ont lieu les premières manifestations importantes contre l'occupant espagnol.

 

- 2ème moitié du 19ème siècle : Deux guerres d'indépendance se succèdent :

-la "guerre des 10 ans" de 1868 à 1878 suite à laquelle l'abolition de l'esclavage devient effective en 1886.

- puis la guerre menée par José MARTI, de 1895 à 1898 alors que les esclaves représentent la moitié de la population.

José Marti y laissera sa vie et il devient le héros et le père de l'indépendance.

En janvier 1898, les Etats-Unis, jusqu'alors neutres, changent de politique : "pour protéger leurs intérêts" ils interviennent au soutien des indépendantistes cubains en envoyant le croiseur USS Maine dans la baie de La Havane. Le bateau explose pour une raison encore controversée, ce qui justifie l'entrée en guerre, pour la première fois, des Etats Unis contre l'Espagne. Les Espagnols se rendent en 1898. La guerre a fait plus de 200 000 victimes cubaines.

Le Traité de Paris (10 décembre 1898) marque la fin de l'Empire colonial espagnol. Un gouvernement militaire est mis en place par les américains qui succèdent donc aux espagnols et créent la base de Guantanamo (qui devait disparaître en 2010 mais ne l'est toujours pas).

 

La République de Cuba est formellement instituée en 1902. Mais Cuba n'est plus qu'une annexe des Etats-Unis et devient le lieu de tous les plaisirs des "gringos" en Cadillac et de l'oligarchie des planteurs de l'île. Les Etats-Unis contrôlent la très grande majorité de l'économie du pays grâce à leurs capitaux.

 

- De 1902 à 1959 les dictateurs se succèdent au pouvoir : notamment Morales qui instaure un régime de terreur puis le général Batista appuyé par les Etats-Unis, qui écrase une première tentative de soulèvement dirigée par Fidel Castro, jeune avocat, qui fut emprisonné et s'exila 2 ans plus tard, au Mexique. Le "castrisme" était en marche.

 

 

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- La révolution castriste : En 1956, Fidel Castro, son frère Raoul, et Ernesto Guevara - le "Che" - un médecin argentin rencontré au Mexique, débarquent à Cuba à bord d'un petit yacht le Granma, et 82 hommes à son bord. Ils se réfugient dans la Sierra Maestra, la chaîne montagneuse qui surplombe Santiago, les guérilleros forment "l'Armée rebelle" qui grossit, et se rend maître de Santiago puis de La Havane où Fidel Castro entre en héros le 8 janvier 1959 pour prendre la tête d'un gouvernement provisoire. Il y restera plus de 50 ans …

 

En 1960/61, les Etats-Unis déclarent l'embargo commercial et rompent leurs relations diplomatiques avec Cuba. Les années 60 sont celles de la radicalisation de la révolution, des réformes, et du rapprochement avec l'URSS.

 

En 1976 la constitution socialiste de la République de Cuba est proclamée et Fidel Castro est consacré Chef d'Etat, premier secrétaire du PCC, président du Conseil des Ministres, du Conseil d'Etat et commandant en chef des forces armées.

 

Après une période de prospérité, le désenchantement arrive car l'économie s'essouffle, les récoltes de canne à sucre et de tabac sont mauvaises. Cuba perd le soutien effectif de l'URSS confrontée à d'autres difficultés après l'effondrement du mur de Berlin. En 1991 l'URSS retire ses 11 000 conseillers et techniciens militaires en poste à Cuba, et l'aide économique disparut ce qui précipita l'île dans une crise économique aiguë. Les importations chutent, le niveau de vie aussi, les USA maintiennent leur embargo. Des dizaines de milliers de cubains (les balseros) cherchent à gagner les USA sur des bateaux de fortune.

 

Cuba est au bord de la faillite, le marché noir se généralise, la délinquance (vols) est omniprésente (les jiniteros), de même que la prostitution et la sollicitation permanente des touristes.

 

En 1993 la détention de dollars devient légale et le tourisme international fait rentrer des devises (2 millions de touristes par an). Les investissements étrangers limités sont autorisés. Les étrangers investissent notamment dans les grands complexes touristiques qu'ils ont le droit de gérer en reversant une taxe importante à l'Etat cubain (Varadero).

 

En 1998 la visite du pape Jean Paul II rompt un peu aussi l'isolement du pays.

 

Le pouvoir se radicalise, de nombreux journalistes sont arrêtés en 2003 (il y aurait actuellement 3 ou 400 prisonniers d'opinion).

 

En 2004 le peso convertible, le CUC, remplace le dollar, mais le "peso cubano" la monnaie nationale qui vaut 20 fois moins et ne sert qu'aux cubains pour se procurer des produits de première nécessité, perdure.

 

Le 19 février 2008 Fidel Castro, bien qu'il continue de publier ses "réflexions" dans la presse officielle, renonce à la présidence en faveur de son demi frère Raul (déjà Président par intérim depuis l'accident de santé de Fidel en 2006) qui est élu à l'unanimité par l'Assemblée nationale Président de la "République socialiste unitaire" de Cuba.

 

Depuis 2008, les cubains "qui ont de l'argent" sont autorisés à fréquenter les hôtels et sites pour touristes. En 2008 encore Cuba a signé le "Pacte international des droits civils et politiques de l'ONU"…. La coopération avec l'Union Européenne a été rétablie, Cuba a été admise au sien du "Groupe de Rio" (pays d'Amérique Latine) et a rejoint "l'Organisation des états américains" l'OEA.

 

Les USA ont levé en 2009 les restrictions concernant les envois d'argent des Américano-Cubains vers leur pays d'origine, quelques petits commerces ont été libéralisés (les salons d'esthétiques … de moins de 3 fauteuils!) et la possibilité pour certains cubains d'ouvrir des "chambres chez l'habitant" les "casas particulares" qui doivent être déclarées et se reconnaissent par un petit logo bleu sur les portes … Les Américains d'origine cubaine et les hommes d'affaires ont la possibilité de prendre un avion direct au départ de Miami vers la Havane.

Le gouvernement vient d'autoriser les ventes et achats de véhicules par tous les citoyens mais à des conditions très difficiles (et avec un salaire moyen de 20 euros par mois ça ne va pas être facile …mais c'est un progrès).

 

En août 1011, après avoir été interdits pendant 7 ans, les voyages des USA vers Cuba ont été de nouveau autorisés pour tous les américains. Mais pas "touristes" au sens général : seulement pour des "entreprises disposant de licences spécifiques" pour organiser des voyages pouvant être "utiles à Cuba".

 

La dissidente Laura Pollan, fondatrice du mouvement des "Dames en blanc" qui organisait des manifestations hebdomadaires avec d'autres épouses de prisonniers politiques, et qui avait obtenu le pris Sakharov des Droits de l'homme en 2005 est décédée le 14 octobre, alors que la libération de plusieurs dizaines de prisonniers politiques est en cours.

Mon itinéraire : La Havane, la vallée de Vnales, Las Terrazas, Cienfuegos, Trinidad, retour à La Havane.  

 

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Recommandations de lectures :

- Outre le "guide du routard", très bien fait,  

- "Les guides de l'état du monde" : Cuba : histoire, société, culture - Ed. "La découverte"

- "Comprendre Cuba" : Guide Ulysse

- et l'autobiographie de Reinaldo Arenas: "Avant la nuit" . Collection Babel.

 

 

 

 

 

 

 

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