Mon itinéraire sera le suivant : direction tout au sud près de la frontière cambodgienne pour vi les chutes d'eau de KONE PHAPHENG, les plus impressionnantes du pays.
Puis les îles très tranquilles de , DON KHONE, et DON DAENG toujours à l'extrémité sud.
Retour sur le continent par le plateau des Bolovens (ses plantations de cafés et ses minorités ethniques), et les chutes d'eau de TAD LO et Tad Fane.
enfin 3 jours à Paksé avant de prendre l'avion pour Bangkok via Savannakhet.
Les "quatre mille îles" (Province de Champasak)
Ce matin donc, lever à 4h.pour prendre l'avion en direction de PAKSE (capitale de la Province de Champasak), où j'arrive une heure et demie plus tard.
Rencontre très agréable avec Vilhad (il était à l'école à Ventiane avec Duangmala!) qui va me guider pendant quelques jours.
Sans perdre de temps, nous partons à l'aventure : descente de la « grande » route construite par les français, qui traverse le Laos du nord au sud en suivant le cours du Mékong, devenue la « nationale 13 », toute droite à travers une vaste plaine, parsemée de rizières asséchées . Dans le sud du Laos, on ne fait qu'une récolte par an.
On s'est arrêté sur le bord de la route pour acheter un paquet de papayes ou les « manpao » sortes de "radis blancs" que l'on trouve partout ici, afin que je goûte : c'est très bon (" seib lay") !
Trois heures plus tard, nous arrivons dans la région « des 4000 îles » (Si Phan Don), un archipel qui s'étire sur 50 km au milieu du Mékong lequel atteint par endroit 14 km de largeur, la plus grande de tout son cours (4350km) , parsemé de centaines d'îles et d'îlots qui affleurent à la saison sèche.
Premier arrêt aux chutes de KHON PHAGHENG, à 15 km de la frontière du Cambodge.
Là le Mékong s'emballe ... les pêcheurs pêchent à la nasse quand le niveau de l'eau est assez haut.
Puis nous remontons la nationale 13 jusqu'à un embarcadère où nous prenons un bac qui nous emmène sur la plus grande île de l'archipel : DON KHONG (« don » signifie « île » en laotien). Une île toute plate, couverte de rizières, très peu peuplée et silencieuse : un peu de calme après Ventiane ça fait du bien ! J'apprécie beaucoup. D'autant plus que Vilhad m'emmène visiter une entreprise familiale de fabrication de sucre de palmier ... je ne savais même pas qu'avec les palmiers, l'on faisait du sucre !
Voilà l'affaire :
On (enfin JE ...) grimpe dans le palmier le long d'une échelle de bambou
Tout en haut, on cueille les fleurs du palmier (mâle et femelle!)
Puis on les presse très fort et longtemps dans des tiges de bambou pour en faire sortir le jus 3 jours plus tard,
On fait bouillir ce jus (auquel on a ajouté un morceau d 'écorce pour enlever l'acidité), pendant 4 heures dans une marmite au feu de bois, jusqu'à évaporation complète : on obtient alors une pâte brune.
Si l'on veut faire des bombons ronds de diverses grosseurs, on verse la pâte dans de petits rouleaux de feuille de bambou ... puis lorsque c'est bien froid et solide, on « démoule »!
Et voilà de délicieux bombons au goût de caramel :)
Quant aux fruits du palmier, ils se mangent aussi en légumes ou en en dessert, suivant leur degré de maturité
Le lendemain nous reprenons une jolie barque à moteur pour 2 h de descente ... assez dangereuse (j'ai fait un petite prière à Bouddha pour que l'on ne chavire pas avec toutes mes affaires à bord ... mais ça c'est bien passé :)
« bomi banha » = « pas de problème » !! Une expression que je commence à connaitre ...
Nous arrivons à l'île de DON DET réputée pour ses routards qui consomment de la drogue dure.
Le pavot et l'opium :
On appelle pavot toutes les papaveracées du genre papaver, regroupant plusieurs espèces allant du coquelicot (rouge et blanc) au pavot à opium (ou pavot somnifère ou pavot blanc) psychotrope, qui peut être utilisé à des fins ornementales, alimentaires ou médicinales. En effet le pavot à opium contient de la codéine et de la morphine (dont l'on fait un usage pharmaceutique). C'est cette morphine que l'on transforme en latex puis en héroïne;
La culture du pavot est une pratique traditionnelle très ancienne dans cette partie du Laos, de même que la fabrication d’opium. Ce produit narcotique a donc des vertus médicinales connues depuis l’antiquité et, sous certaines formes (huile, sève), entre dans la consommation alimentaire quotidienne des paysans laotiens qui le cultivent.
Les fumeries d’opium sont d’ailleurs restées un commerce parfaitement légal au Laos jusqu’au milieu des années 70. L’explosion du marché mondial de la drogue depuis trente ans a néanmoins introduit de graves déséquilibres dans cette activité jusqu’alors « limitée » : la pression de la demande et la flambée des prix ont incité les zones de culture du pavot à produire davantage (notamment sous forme d’héroïne, une forme raffinée de l’opium, plus facile à transporter), et les phénomènes de toxicomanie « dure » tels qu’on les connait en Occident, bien loin de l’usage médicinal traditionnel du produit, ont fait leur apparition depuis plusieurs années au Laos même.
Actuellement la culture du pavot est interdite, et le gouvernement tente d'inciter les gens à faire autre chose...
Je n'ai personnellement pas vu de plantation de pavot, ni dans le nord, ni dans le sud, et encore moins bien sûr « d'usine » de transformation en opium ou héroïne, mais on m'a dit que cela existait encore pas mal, et était toujours une source importante de revenu pour le Laos ... et pour certains de ses habitants qui recyclent.
Nous ne nous sommes donc pas arrêtés à Dan Set, mais sur l'île suivante : DON KHONE, le paradis des grenouilles , des noix de coco , du bétel, et des dauphins ... une vieille dame était en pleine activité de pilage de bétel pour en bourrer sa pipe.
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Don Khone est aussi le paradis des balades à vélo (j'en ai fait 2 fois 3 heures sur des chemins caillouteux avec à la clé un bon mal de dos ... mais je n'ai pas osé refuser : c'était si beau !) et des promenades en barques « très très rustiques » !! ...
Un endroit absolument splendide, qui m'a fait penser à Cochin (les backs waters) en Inde. On navigue dans la mangrove fleurie comme des orthensias, au milieu des îlots, des rochers, des arbres tous penchés dans le même sens par courant. C'est d'un calme absolu et le paysage, quand la lumière descend, est vraiment magique. Nous étions à une centaine de mètres de la frontière cambodgienne lorsque nous avons enfin aperçu quelques épines dorsales de dauphins, après avoir attendu quand même une bonne heure à midi en pleine cagnasse . Il fait très chaud : 30 à 35° du matin au soir, alors que dans le nord il fallait bien se couvrir en fin de journée. Pas une goutte de pluie depuis que je suis arrivée au Laos : c'est la saison sèche. En revanche, beaucoup de moustiques et de moucherons ... qui ne sont, parait-il, pas dangereux à cette époque de l'année. A voir ... je le saurai bientôt, je me suis fait piquer.
Nous reprenons route et bateau pour une autre île, située dans la province de Champasak : l'île de DON DAENG.
Sur la route, près de Champasak, visite d'un village de sculpteurs sur bois et du fameux VAT PHU , un ancien sanctuaire Kmer, dédié à Shiva, puis aujourd'hui plutôt à Bouddha... le plus ancien du Laos. L'un des joyaux dont le Laos est très fier ! Ce temple est en très mauvais état et en cours de reconstruction. Il est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2001. Le site archéologique comprend 3 niveaux et des centaines de marches très hautes qu'il m'a été très difficile de monter.
Mais du sommet du complexe, la vue est superbe sur les plaines environnantes. Les datations de l’ensemble sont encore relativement imprécises, mais les archéologues pensent que l’édification progressive du Vat Phu s’étend du VIe au XIIe siècle. Sa fondation serait donc antérieure à la « période angkorienne » constituant l’apogée de l’immense Empire khmer. Certains historiens estiment même que Champasak, avec le Vat Phu comme principal site sacré, a peut-être été la capitale du royaume de Chenla, précurseur à partir du VIe siècle de ce qui deviendrait plus tard l’Empire khmer, avec Angkor pour capitale.
En arrivant à Don Daeng une curieuse surprise m'attendait : à la descente de bateau, il a fallu prendre un « tracteur » pour traverser la « plage » et rejoindre l'hôtel, tant le niveau de l'eau du Mékong est bas ! Un souvenir inoubliable ! Qui s'est terminé par une autre bonne surprise : sur cette île paradisiaque (on se croirait à Tahiti :) , où il n'y a RIEN que des plages et des palmiers, un bel hôtel m'attendait Je reconnais qu'une fois de temps en temps ça fait du bien !! j'ai passé une heure sous la douche et j'ai fait le grand ménage/lessive de mes affaires, avant de déguster un délicieux poisson du Mékong cuit à la vapeur avec des pommes de terre ! (Whaou ... c'est c'était génial, et ce n'est pas David qui va me contredire :) - je donne quand même le nom de cet hôtel aux amateurs de luxe : « La Folie Lodge » !! Une vraie folie !! (mais bon c'est la première fois, et pour une nuit ça suffit car pas très sympa les touristes « luxe »... même français ils ne vous adressent pas la parole...).
Le plateau des Boloven
Le lendemain nous quittons la région des « 4000 îles » pour remonter toujours la nationale 13 puis la route 20, en direction de la province de SALAVAN, et du PLATEAU des BOLOVENS « la patrie des LANVENS » qui vivent comme partout au le sud du Laos, dans des maisons sur pilotis.Cette région est habitée par des groupes môn-khmers (Alak, Katu, Ngay, Tayoy, Suay).Cette région, une des plus bombardées pendant la guerre, s'étend sur trois provinces : Salavan, Sékong et principalement Champassak. Disposant d'un climat très agréable et de terres très fertiles, les Boloven représente la région productrice de café la plus importante du Laos : de nombreuses familles ont déménagé sur ce plateau afin de profiter des récoltes de café, introduit par les coloniaux français à partir de 1920.
Nus nous arrêtons dans un village LAVEN : animistes et chamanistes ( on se fait prédire l'avenir par le MO DOU ), ils vivent de façon très primitive, de plantations d'hévéas et de teck, ainsi que de la culture de fruits et d'huile de palme. Quelques femmes tissent devant leur maison, assises par terre, les jambes allongées supportent le métier à tisser. Elles font des « SIN » ces robes de soie aux multiples motifs colorés.
Arrêt dans un village de l'ethnie KATU . Leur caractéristique : ils sont polygames, mettent les morts dans un cercueil qu'ils conservent sous les pilotis de leur maison . ..ce que j'ai pu constater. Ils vivent essentiellement de la culture du café ( Arabica -le champagne du café comme on dit ici - et Robusta selon la saison ) qui est d'excellente réputation et s'exporte très bien en Thaïlande, au Vietnam. Mais il n'y a malheureusement pas de fabrique de poudre de café sur place. Les grandes marques de café lao sont « Seenouk » et « Dao » noms que l'on retrouve sur les paquets.
Enfin, un village de l'ethnie NGAY , où les maisons sont disposées en cercle autour d'une place où se trouve le « bâtiment central » lieu de réunion du village rassemblé par le chef qui sonne la cloche. S'y déroule notamment la grande fête annuelle du sacrifice du buffle, durant la pleine lune de mars : le chef tue le buffle à coups de lance, et les morceaux sont distribués aux villageois.
Arrivée enfin à mon point de chute pour 2 nuits : le village de TAT LO (treck, promenade à dos d'éléphant, cascades...) , très pauvre, et très sommaire, ce qui me panique un peu, car mon guide vient d'être rappelé en urgence à Paksé ou un groupe l'attend ... il s'est trompé dans son programme !! Bomi banda : je le laisse partir ... il va falloir que je me débrouille seule dans
cette jungle .
Quand je lis dans mon « Lonely Planet » qu' « atteindre les villages de cette contrée reculée tient de l'expédition et requiert une bonne dose d'audace » ... je me dis que je peux être assez fière de moi :) N'exagérons rien tout de même je n'ai pas dormi à la belle étoile, même si ma chambre n'a pas de fenêtre, et si j'ai du plier ma couverture en deux pour ne pas avoir trop froid ... et puis je profite de la compagnie des éléphants qui viennent faire leur toilette tous les matins dans la rivière (un bras du Mékong ) qui passe sous ma fenêtre ... je suis allée faire un tour dans le village de Tat Lo : misérable et très primitif...les vaches viennent manger les bananes récoltées sur les arbres, au marché du soir, et sur la route j'ai vu beaucoup de femmes décortiquant des graines d'une espèce d'arachide, qui sert à faire de l'huile pour les moteurs de tuk tuk et de cyclo... les femmes s'en servent aussi comme produit cosmétique et onguent pour rendre les cheveux plus brillants.
Après une journée de repos bienvenu à Tat Lo, je reprends la route en direction de PAKSE
Sur la route près de la petite ville de Paksong, nous nous arrêtons dans un village de l'ethnie KATU dont le souvenir me hantera longtemps : outre la pauvreté extrême et le manque d'hygiène évident, les femmes se cherchent des poux dans la tête, tout en fumant la grande pipe de bambou ... elles ne sont pas les seules : les enfants aussi, même tout petits («3 /4 ans!) ont la bouche collée au bambou ! Les hommes, accroupis sur les talons, inactifs, ont l'air hébétés et hagards . Un enfant passe, la pipe à la bouche, une grosse blessure sanguinolente et infectée à l'oreille.. Il n'y a qu'un seul robinet d'eau (non potable) au centre du village. Et pas de toilettes. Un tout petit sort tout nu de sa cabane et se prend une bonne bouse de buffle en pleine tronche ... c'est ce qu'on appelle dans les spa « un bain de boue »...
Ce village dépasse toute la misère du monde.
On y récolte aussi du café qui sèche devant les maisons. Le café rapporte très peu aux villageois. Une coopérative a mis sur pied un commerce équitable. Non loin du village je passe devant une usine de fabrication de poudre de café, alors qu'on m'avait dit qu'il n'y en avait pas...
Arrivée à PAKSE au bord du Mékong, et capitale de la province de Champasak, fondée par les français en 1905: 70 000 habitants environ : on ne sait jamais exactement car au Laos il n'y a pas d'état civil obligatoire. En outre les populations des villes se comptent toujours par villages ( une ville est un ensemble de villages) .Aujourd'hui Pakse est une petite ville qui me parait bien tranquille comparée à Ventiane. Mon hôtel donne sur la place du grand marché où l'on vend toutes sorte de produits en provenance de Thaïlande, du Vietnam ou de Chine, et où je suis allée déjeuner avec les laotiens un poisson grillé et du "sticky rice" cuit à la vapeur, que l'on mange en faisant des boulettes avec les doigts (je deviens "pro" .... il est temps que je quitte la Laos !!)