Martine autour du monde ...

Difficile d'écrire sur le Guatemala tellement il y a de choses à dire sur ce petit pays à la fois si riche et si pauvre... je ne sais par où commencer !!

 

Les aspects positifs qui font que vraiment ça vaut la peine de venir y faire un séjour : ses magnifiques paysages si diversifiés : en quelques heures (voir minutes parfois!) de voiture, on passe de la jungle tropicale du nord dans le Peten (Tikal), aux grandes vallées agricoles du centre-sud, aux hautes montagnes du Quiché, aux plages de sable noir de la côte pacifique. Et le climat suit : on subit des écarts de température incroyables en très peu de temps : dans la même journée on peut être obligé de se couvrir le matin et le soir d'une grosse « doudoune » et quelques heures plus tard ou plus loin, le maillot de bain est le bienvenu ! Ces changements de température ont été assez fatigants pour moi, et m'ont fait attraper un bon rhume et mal de gorge !

 

Le pays est aussi riche de très beaux fleuves (le Rio negro, le Rio dulce, l'Unsumacinta et son affluent le Rio de la passion...,) et de lacs magnifiques (le lac Peten Itza près de Tikal, le lac Izabal près de Livingston, et surtout , le très grand lac Atitlan). Il fait la jonction, ce qui est quand même exceptionnel en si peu de kilomètres, entre les Océans Pacifique et Atlantique.

 

Le Guatemala vaut aussi bien sûr pour ses sites archéologiques (moins nombreux cependant qu'au Mexique) et pour son histoire de l'ancienne civilisation maya.

 

Mais surtout, en ce qui me concerne, pour ses marchés et ses diverses ethnies, si surprenantes, si attachantes, si intéressantes …

 

Les aspects négatifs qui attriste le voyageur que je suis, c'est l'immense pauvreté, le manque d'eau, le manque de routes praticables ou simplement convenables qui permettraient aux indiens de mieux circuler et de mieux vivre (pour ceux qui le souhaitent … mais j'ai cru comprendre malgré tout ce qu'on dit à ce sujet qu'ils étaient nombreux), le manque hygiène catastrophique (détritus et ordres de toutes sortes couvrent le sol) et le manque d'éducation. Peu nombreux sont les enfants indiens qui vont à l'école plus de 3/4 ans.

 

C'est enfin le climat d'insécurité qui est ressenti partout, les petites villes comme les grandes, les villes comme les campagnes : partout il faut faire attention, ne pas sortir la nuit, ne rien avoir sur soi. La preuve : tous les jours plusieurs assassinats font la une des journaux (avant hier 2 agents de police et un jeune de 25 ans qui était attablé en train de diner dans un restaurant). Autre preuve de cette insécurité : des policiers partout dans les villes, mêmes les petites, arme à la main, devant les hôtels, les banques... les protections : grilles à barreaux en fer PARTOUT… on vous dit que c'est la tradition du style espagnol mais … c'est faux : pourquoi alors des grilles en fer, avec juste une petite ouverture devant les pharmacies, certaines tiendas (petites boutiques). Pourquoi hier soir mon hôtel à Ciudad Guatemala barricadé avec 2 grilles successives fermées à clef qui s'ouvrent automatiquement depuis la réception ?

et comme pas de resto dans cet hôtel j'ai  dû me contenter d'un « réveillon diète » :) je m'en rappellerai de celui-là ! Ah ah !-

Ciudad Guatemala est réputée comme la ville la plus dangereuse du pays. Les « touristes n'y restent pas plus d'une nuit. La ville est d'ailleurs une véritable horreur : un amoncellement de petites maisons en briques grises … C'est parce que, lors des derniers tremblements de terre (le dernier en 1976 seulement) toute la population d'Atitlan a émigré ici et s'est installée dans l'urgence, en pleine guerre civile ….et les choses n'ont pas beaucoup changé depuis. La capitale est essentiellement aujourd'hui une ville industrielle (surtout confection de vêtements dont les tissus viennent de Chine) et administrative. Rien d'autre. Vue de loin, c'est un immense bidonville.

 

Et puis, gros problème aussi le narcotrafic : les camions, les bateaux, et ici dans le Pacifique, les sous-marins, qui passent chargés de cocaïne venue des pays du sud (surtout la Colombie), direction les États Unis qui ont la main mise sur tout ici, souvent en toute impunité : quand ils sont arrêtés la police est tellement corrompue qu'un gros bakchich suffit et hop, on passe ! On m'a raconté que lorsque qu'un trafiquant se faisait prendre et mener au commissariat, il n'était pas rare que le chef de la police locale reçoive un coup de téléphone : si pas de libération avant le soir, toute sa famille serait exécutée … les narcotrafiquants connaissent tout de la vie de chaque policier (horaire de sortie de l'école des enfants, heure à laquelle sa femme rentre du travail … etc... ils peuvent alors exercer toutes les pressions voulues pour parvenir à leurs fins sans problème). Seulement 2% des délinquants sont emprisonnés. On m'a dit que les belles maisons, que je pouvais voir ici à Monterrico, sont souvent celles de « narcotrafiquants » ou de policiers qui se font payer leur silence ...

Le monde des politiques, m'a-t-on dit, ne vaut guère mieux : Otto Perez Molina, un ancien général qui a été très dur à l'égard des guérilleros pendant la guerre civile, aurait acheté les votes des populations mayas (au moins 50% de la population quand même, qui pour la grand majorité s'en fiche), ce qui explique pourquoi dans leurs contrées reculées on ne voit que lui partout, sur les murs des écoles, sur tous les panneaux publicitaires, sur les troncs des arbres le long des routes... Un ancien Président (en 2002 je crois) et actuellement en prison pour avoir détourné plus de 100 millions de dollars pendant sa présidence ...La population ici ne croit plus à la politique.

 

Ce qui m'aura sans doute le plus marquée au Guatemala, c'est la résistance des mayas à conserver leurs traditions, leurs croyances,  leurs vêtements traditionnels, leur mode de vie. C'est assez incroyable. Et, puisque nous allons bientôt avoir des bébés dans la famille , j'ai beaucoup aimé la façon des mamans de les porter dans le dos, tenus par des châles que l'on appelle les « berraje ». Les bébés gardent un contact permanent avec leur mère, c'est étonnant de les voir prendre leur position comme de petits chats qui se blottissent. Ils ne pleurent jamais. Je n'ai jamais entendu un bébé ou un enfant pleurer : leur calme est surprenant comparé aux « furies » de chez nous ! Je me suis demandé si ça ne venait pas de là ??? Autre avantage : les mamans ont les mains libres!

 

Les gens sont ici très gentils, les mayas et les autres, et enfin j'ai eu des guides exceptionnels que je remercie encore, et que j'espère revoir un jour .. avec Gilles cette fois !

 

Le Guatemala est un pays très intéressant qui vaut vraiment la peine d'y venir... même si on part toujours un peu triste de n'être que de passage... sans  apporter plus.

 

Quand on veut venir ici il faut savoir plusieurs choses : être très prudent, se munir de vêtements chauds et d'autres légers, aller dans des hôtels relativement confortables (2-3 étoiles - locales! -  pour être bien). En revanche, choisir les petits restaurants locaux où l'on mange beaucoup mieux pour pas cher (compter 5 euros par repas et 10 pour un très bon). Il faut savoir aussi que l'on dépense beaucoup d'argent en pourboire dans les restaurants, pour les chauffeurs et les guides. 

 

Pour la petite histoire, ils m'ont dit que les français avaient deux caractéristiques qui font leur réputation dans le monde du tourisme : râleurs et grévistes !

 

3--54-.JPG      1--127-.JPG

 

YAM BOTIC !

(merci en maya)

 

Pour finir, je me permets, pour ceux que cela intéresserait, de joindre en copie deux textes  sur le Guatemala: (mais je n'arrive pas à mettre la couleur ... alors basta! car demain matin lever à 5h pour l'aéroport!)

  

1 - Un article paru il y a quelques jours dans le journal "Libération" (merci Pierrot) 

 

Pays le plus peuplé d’Amérique centrale, le Guatemala a élu le 6 novembre à la présidence de la République, Otto Pérez Molina, général à la retraite et dirigeant du Parti patriote. Il prendra ses fonctions le 14 janvier dans un pays en proie à la violence des gangs et des narcotrafiquants, aux assassinats de leaders paysans et de syndicalistes et où le taux de résolution de ces crimes ne dépasse pas les 3%. L’impunité y règne en maître, tout comme la discrimination à l’encontre des descendants des populations autochtones mayas, qui représentent pourtant 60% de la population guatémaltèque.

 

Otto Pérez Molina est tenu pour responsable de massacres de communautés mayas au début des années 1980, au plus fort de la répression militaire d’un conflit armé qui a provoqué la mort de plus de 200 000 personnes, et de disparitions forcées lorsqu’il était à la tête des services de renseignements dans les années 1990. Il a promis de diriger le pays d’une main de fer, mano dura.

La question sur les cibles d’un tel slogan électoral se pose légitimement. Les militants des organisations luttant pour la justice et la reconnaissance du génocide de la population maya, combat mené il y a trente ans, s’inquiètent notamment des suites qui seront données aux procès qui viennent tout juste de s’ouvrir à l’encontre de certains responsables militaires. Au sein des populations témoins des exactions d’une sauvagerie sans nom, qui ont été commises par les forces armées - pillages, viols, exécutions en masse de vieillards, de femmes, d’enfants, de nourrissons, villages entiers rayés de la carte -, le retour au pouvoir des militaires est fortement redouté.

Anciennement surnommée «République bananière» par les Etats-Unis, notamment lorsque la compagnie américaine United Fruit contrôlait les terres et le marché de la banane, les pratiques qui permettaient l’usage de ce sobriquet péjoratif court toujours. Le crime organisé, comme les multinationales, profite largement des failles d’un système politique, économique et juridique au service des grands propriétaires, des hommes politiques corrompus et des cartels de la drogue. Pour cette oligarchie de facto, la présence militaire rassure voire, assure la poursuite de leurs activités.

La discrète multinationale franco-britannique Perenco n’a d’ailleurs pas attendu les résultats de cette élection pour prendre appui sur les forces armées. La compagnie exploite le pétrole du Guatemala depuis 2001 et a obtenu la reconduction de son contrat pétrolier à l’été 2010. Mais dans le pays de l’éternelle injustice, il est des communautés qui résistent encore. C’est le cas des habitants de la Laguna del Tigre qui vivent au milieu des puits de Perenco.

 

La région est l’une des dernières frontières agricoles pour les populations sans terre de l’Altiplano, contraintes à l’exode par les monocultures de café, de sucre et d’agrocombustibles. La Laguna del Tigre, située dans le département du Péten, abrite la zone humide la plus importante de Mésoamérique. Région frontalière avec le Mexique, sa richesse est telle qu’elle a été déclarée zone naturelle protégée par le Guatemala en 1989 et par la convention Ramsar sur les zones humides d’importance internationale depuis 1990.

Mais les implications de ce statut s’appliquent en deux poids, deux mesures : les communautés paysannes se font expulser manu militari alors même que les narcotrafiquants se sont vu légaliser la propriété sur leurs terres et que Perenco a pu reconduire son contrat d’exploitation pour quinze années supplémentaires. De plus, les installations pétrolières de cette dernière bénéficient de la protection du «Bataillon vert», créé spécifiquement par le gouvernement guatémaltèque en septembre 2010 et composé de militaires chargés de la «protection de l’environnement» et des frontières de la région. Le dernier rapport du Collectif Guatemala, - «Perenco, exploiter coûte que coûte» - révèle que la multinationale a financé l’Etat guatémaltèque à hauteur de 3 millions de dollars l’an dernier pour la création de ce Bataillon vert et reverse 0,30 dollar par baril produit pour son fonctionnement. La dénomination de ce contingent pourrait faire sourire si le passif des forces armées au Guatemala n’avait pas été aussi brutal dans l’application des théories militaires dites de «contre-insurrection» et d’«endiguement» des idées, mouvements et populations jugées révolutionnaires ou subversives.

La France, qui sait solliciter et recevoir les bonnes œuvres de Perenco, notamment lorsque celle-ci parraine une exposition à Paris au musée du Quai-Branly («Maya : de l’aube au crépuscule, collections nationales du Guatemala», juin-octobre 2011) devrait aussi jouer un rôle dans le contrôle et la responsabilisation de ses entreprises à l’étranger, lorsque celles-ci n’appliquent pas les règles de conduite éthique et environnementale sous les tropiques qu’elles seraient obligées d’appliquer au Nord. Il est de notre devoir de ne pas nous ranger du côté de l’oligarchie guatémaltèque qui domine depuis des siècles une population à majorité autochtone et paysanne qui n’a que trop souffert du vol et du pillage de ses terres, de ses ressources naturelles et culturelles, de la répression militaire, de l’impunité, des discriminations et de l’accaparement des richesses du pays par quelques-uns

 

2 - un article écrit par Aline Timbert

 

Les élections présidentielles au Guatemala : 6 novembre 2011

Les thèmes liés au chômage, à l’extrême pauvreté et aux droits des indigènes semblent avoir été délaissés au profit d’une campagne électorale focalisée sur l’éradication de la violence. Le Guatemala est considéré aujourd’hui comme le premier narco-État d’Amérique latine, le candidat Otto Pérez Molina, ancien militaire, a promis de recourir à des politiques similaires à celles déployées au Mexique pour lutter contre le trafic de drogue (à savoir le déploiement de l’armée pour rétablir l’ordre, un résultat qui n’a pas été probant chez le voisin nord-américain puisque la lutte contre le banditisme reste l’un des soucis majeurs du gouvernement mexicain) et s’est dit prêt à gouverner avec une poigne de fer (« mano dura », ou politique de la main dure) pour en finir avec le crime organisé. Pour rappel, Otto Perez était général de l’armée guatémaltèque durant la guerre civile contre les guérilléros marxistes menée entre 1960 et 1996. Ce sont 250 000 personnes qui ont été tuées sous cette ère et l’armée est accusée de centaines de massacres. Le candidat arrivé en tête a aussi mené un service de renseignement de l’armée soupçonnée d’avoir commis des assassinats politiques, des accusations réfutées par le principal intéressé.

Le candidat arrivé second, Manuel Baldizón n’a pas hésité à évoquer la « peine de mort » durant la campagne électorale pour favoriser le retour à un État de droit.

Álvaro Colom

Le président sortant, de tendance sociale démocrate, Álvaro Colom laisse derrière lui un bilan plus que contrasté, il n’est pas parvenu à enrayer la pauvreté, à lutter efficacement contre la faim dans ce pays frappé par ce fléau, ni à empêcher les phénomènes de violence. Comme l’a déclaré le président de l’organisation non gouvernementale d’Action Citoyenne, Manfredo Marroquín « le résultat est sans surprise au vu de l’angoisse de la population ». Au Guatemala des millions d’individus vivent dans une situation de pauvreté (75 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté), 2 millions souffrent de dénutrition et près de 30 % de la population est analphabète, quant au taux d’homicide il est sept fois supérieur à la moyenne mondiale. Il convient de souligner que 90 % de la cocaïne consommée aux États-Unis est le fruit d’un trafic transitant par le Guatemala.

Le président Álvaro Colom et son ex-épouse Sandra Torres, qui avait tenté de briguer la présidence en divorçant de son époux (elle a cependant a vu sa candidature invalidée par la Cour constitutionnelle), pourraient appeler la population à voter Baldizón pour faire barrage à l’ancien général, bien que celui-ci soit un dissident. Baldizón a en effet quitté le parti Unidad Nacional de la Esperanza en 2008 pour former sa propre mouvance politique, le Lider ou Libertad Democrática Renovada (LIDER).

Álvaro Colom (Parti social-démocrate) ne pouvait pas prétendre à un nouveau mandat pour des raisons institutionnelles, quant à son épouse, même si elle a divorcé pour contourner la loi en vigueur, elle n’a pas pu briguer sa succession en raison du code électoral qui stipule que les proches d’un président ne peuvent pas se porter à leur tour candidats. Sur les dix candidats en lice pour la présidence, seul un incarnait la gauche, il s’agissait de la candidate indigène Rigoberta Menchu qui n’est pas parvenue à franchir la barre des 3 %.

(Article rédigé par Aline Timbert)

 

 

 

 

 

commentaires

V
Que de progrès à faire pour ce beaux pays !
Répondre

Hébergé par Overblog