Je vais parcourir l'Equateur du nord au sud d'Imbarra à Vilcabamba en suivant "l'avenue des volcans", avec une rapide incursion en Amazonie, et à la fin, un séjour à Puerto Lopez sur la côte pacifique , selon l'itinéraire ci dessous :
L'Equateur
Carte d'identité :
République unitaire - Démocratie présidentielle - Chef d'Etat élu au suffrage universel direct pour 4 ans : Rafael Correa Delgado (gauche) qui doit composer avec l'opposition pour faire aboutir ses projets. J'apprends qu'il vient de dissoudre son gouvernement le 24 octobre 2011.
Une assemblée nationale de 100 députés élus pour 4 ans dans les 22 provinces.
Population : en forte augmentation : elle est passée de 6 millions en 1970 à 15 millions en 2010 (64% urbaine) - espérance de vie : 75 ans- Mortalité infantile : 20°/°°
Capitale : Quito (1,8 million d'hab.) - Plus grande ville : Guayaquil (2,6 M d'hab.)
Langue : espagnol 93%, langues indigènes : quechua 6% et shuara et bien d'autres
Religion catholique à 95%
Monnaie : dollar américain = 100 cents (1€ = 1,39 USD)
PIB par habitant : 4082 dollars US (2010) 94ème rang
Salaire moyen mensuel : 200 dollars
Indice de développement humain : 80ème rang sur 182
Taux d'alphabétisation : 92,5%
Dépenses d'éducation 1% du PIB (France 5,6 ?)
Ressources : pétrole (40% des recettes du pays), agriculture, (bananes soja, huile de palme), pêche, tourisme …chapeau "panama"!
Agriculture : faible : 10% PIB (banane, cafe, cacao, bois)
La pêche est en pleine expansion 3ème producteur mondial (crevette)
Population sous alimentée : 6% en 2004
Taux de chômage : 7,4% en 2010 alors que le travail "informel" représente 55%.
La pauvreté reste élevée (un tiers -d'autres statistiques disent 3/4!- de la population au dessous du seuil de pauvreté)
L'économie du pays a été durement touchée par la crise de 2009.
Histoire:
- Les premiers hommes seraient arrivés en Equateur il y a environ 35 000 ans.
Au milieu du 15ème siècle, les INCAS, déjà au Pérou, envahissent l'Equateur, imposent la langue Quechua, et fondent la ville de Quito en 1492.
- En 1532 les espagnols débarquent sur les côtes, menés par Francisco Pizarro, et prennent le royaume de Quito, après de terribles exactions contre les populations indiennes qui tombent en esclavage (système des encomiendas puis des haciendas). L'Equateur est une colonie espagnole, l'économie est florissante.
- Mais les révoltes grondent, et l'indépendance est acquise en 1823, avec l'arrivée de Simon Bolivar qui s'était déjà imposé comme "libertador" du Panama, de la Colombie, du Venezuela. La première Constitution date de 1830 marquant officiellement la naissance du nouvel Etat. L'esclavage est aboli en 1861.
- Puis commence une longue période de conflits territoriaux avec le Pérou (1941-1998), de confusion, d'instabilité voire de chaos politique (de 1925 à 1962 une trentaine de présidents se succèdent dont 21 seulement iront au terme de leur mandat !), de putschs et de coups d'Etat (dictatures militaires), de révoltes des indigènes (sous l'égide de la CONAIE), de graves crises économiques et financières à cause de l'effondrement des prix du pétrole qui étaient censés rembourser l'endettement. En 2000, le dollar américain devient monnaie nationale en remplacement du "sucre".
- En 2006, Rafael Correa, missionnaire et économiste, qui a rejoint le groupe des dirigeants sud-américians hostiles à Washington tels le Vénézuélien Hugo Chavez et le Bolivien Evo Morales, est élu Président et réélu en 2009. Il poursuit sa politique de "révolution citoyenne" (Revolucion Ciudadana), après l'adoption d'une nouvelle Constitution en 2008 (la vingtième version depuis 1830). Le pays reste instable (tentative de putsch du président en 2010), mais d'après un récent sondage (février 2012) 72% de la population serait satisfaite de la politique du Président.
Géographie :
L'Equateur est l'un des plus petits pays d'Amérique du sud (283 580 km2, 2 fois plus petit que la France) mais très riche en diversité: on l'appelle "la petite Suisse de l'Amérique latine"
1- Au centre : La cordillère des Andes ou Sierra : une double chaîne de montagnes qui s'étend du nord au sud (le Chimborazo culmine à 6310m) avec plus de 30 volcans dont certains en activité (le Cotopaxi, volcan en activité le plus haut du monde : 5897m). Ces deux chaînes sont séparées par un fossé le "couloir inter andin", succession de vallées et de plateaux verdoyants.
Les plateaux se situent entre 2000 et 3800m, c'est la zone des villes et des cultures en terrasses. Plus haut c'est le "parano" zone de prairies et d'élevage (moutons, lamas) Enfin le "chaparro" zone de forêts qui conduit aux neiges éternelles.
2- L'Oriente à l'Est : c'est l'Amazonie équatorienne (forêts tropicale), le piémont, et la plaine alluviale, région plate sillonnée des multiples affluents du fleuve Amazone. Cette région représente la moitié de la superficie du pays, et la presque totalité des ressources pétrolières, mais est très peu peuplée, presque exclusivement d'indiens.
3- A l'ouest la Costa : la côte pacifique (mangrove, élevages de crevettes, et plages) -2237km
4 - Enfin les îles Galápagos à 1000 km au large, composées de 19 îles et 42 îlots, recèlent une faune et une flore exceptionnelles.
La population :
15 millions d'habitants et 14 "peuples" qui se répartissent ainsi :
- Les Métis (ou "ladinos" ou "latinos"ou "cribles" ou "chicanos" ce dernier terme étant très péjoratif):
Environ 50% de la population.
Le terme de latino est souvent utilisé. Il se réfère à la région d'origine latino-américaine. Un "latino" est donc une personne de langue ou de culture espagnole.
Les métis se décomposent eux-mêmes en 3 groupes principaux : les « mestizos » (métis d'indiens et blancs), les « mulatos » (métis de blancs et noirs ou mulâtre en français) les « zambos » (métis de noirs et d'indiens)
( un métis n'est pas forcément issu de l'union d'un blanc et d'un noir. Un métis est issu de l'union de deux personnes de couleurs différentes tout simplement. Ce peut très bien être papa indien, maman chinoise. Alors que le mulâtre, est forcément né de l'union d'un blanc et d'un noir.)
- Les indigènes (ou "indiens" ou "aborigènes" ou "natifs" ou "autochtones" … c'est-à-dire descendants des habitants présents avant l'arrivée des colonisateurs, en l'occurrence les Espagnols) : environ 30% dont une majorité de souche quechua.
Les « criollos » ont asservi les « indiens » et leur ont pris leur terres; Les Quechuas d'Equateur sont pourtant les natifs d'Amérique du sud qui conservent le mieux leur culture, leur farouche indépendance leur a valu de conserver une certaine identité, grâce notamment aux "communautés" qu'ils ont pris l'initiative de créer.
- les noirs : moins de 10% (les morenos)
- Les blancs : moins de 10%
A ces clivages ethniques, s'ajoutent parfois des clivages géographiques : les "serranos" et les "costenos" ne s'apprécient pas trop.
Les métis et les blancs sont surtout concentrés dans les grandes villes, et constituent une grande part de la classe dirigeante.
Les indigènes, déjà perturbés par les missionnaires, ont été asservis par les criollos qui leur ont volé leur terre et les ont fait travailler dans leurs haciendas. Ils cultivent aujourd'hui le lopin qui leur a été attribué depuis la réforme agraire.
Leurs communautés sont très nombreuses. : Saraguros, Puruhua, Salasaca, Canari, Otavalo, Quechuas de la Sierra majoritaires, les Shuar qui font partie des plus revendicatifs d'Amazonie, les Huaorani, les Cofan, les Secoya, les Siona ..Ce sont les catégories sociales les plus défavorisées du pays.
Après 25 ans de luttes, une nouvelle Constitution fut approuvée par referendum en septembre 2008. Cette Constitution reconnaît le pays comme « un État de droit et de justice sociale, démocratique, souverain, indépendant, interculturel, plurinational et séculier ». L'Equateur devint ainsi le premier pays au monde à reconnaître des droits naturels dans sa Constitution et à inclure, dans le cours même du texte constitutionnel, des principes ancestraux tels que le "Sumak Kawsay" ( une vie propre et harmonieuse). Ces droits mettent au défi le processus actuel de réforme politique et institutionnelle au moment où la crise économique mondiale pose un sérieux dilemme au gouvernement du Président Rafael Correa : ouvrir la porte aux mégaprojets touchant les ressources naturelles (mines, pétrole, gaz) qui couvriraient le croissant déficit budgétaire mais mettre en danger l'intégrité territoriale et culturelle de nombreux peuples autochtones Source de cet article : Indigenous World 2009, traduction GITPA
En effet, ces nations indiennes surtout celles de l'Oriente sont aujourd'hui menacées par l'exploitation intensive de leur milieu de vie : déforestation, orpaillage, et surtout pétrole qui cause des ravages écologiques et les obligent souvent à émigrer vers les centres urbains où ils retrouvent la misère. 80% des habitants de l'Oriente vivent au dessous du seuil de pauvreté.
Récemment, la plus grande organisation indigène d’Equateur a lancé une offensive judiciaire sans précédent contre le gouvernement, l’accusant ’d’ethnocide’ à l’encontre des Indiens isolés.
La CONAIE, la "Confédération des Nationalités Indigènes d’Equateur", a annoncé qu’elle visait, entre autres, le président Rafael Correa, les ministres de l’Environnement, des mines et du pétrole ainsi que l’ambassadeur d’Equateur en Espagne. Le gouvernement est accusé de mettre en danger la vie d’Indiens isolés en autorisant les compagnies pétrolières à exploiter leurs terres. Le contact avec les ouvriers de la compagnie risque d’être fatal aux Indiens isolés en raison de leur faible immunité contre les maladies transmises par les étrangers. L’affaire a été portée devant le bureau du Procureur général. Dans une déclaration, la CONAIE soutient que "les Indiens isolés dépendent entièrement de leur environnement naturel".
Les deux groupes particulièrement concernés par cet appel sont les Huaorani, qui vivent au sud de l’Amazonie équatorienne (Parc national Yasuni)
Dans ces communautés, la religion catholique s'est mélangée avec les croyances traditionnelles, le shaman intervient parfois, et la magie régit la vie de tous les jours. L'église se pose aujourd'hui en défenseur de l'identité indigène, elle renforce le sentiment communautaire (par la radio notamment), lutte contre l'analphabétisme, l'alcoolisme, et la spoliation des terres.
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