l'Amazonie
Trois jours en pleine forêt amazonienne (ou "Oriente") dans une communauté Quechua. C'est ce qu'on appelle ici le "tourisme communautaire".
Un vol de 45 minutes Quito-Coca, puis bus pour rejoindre le port, puisque Coca (ci-dessous) est situé à la confluence du Rio Coca et du fleuve Napo qui se jette dans l'Amazone au Pérou. Coca, 42000 hab., est la capitale de la Province d'Orellana, en limite du "Yasumi National Park" qui abrite, paraît-il , la plus grande diversité biologique du monde, et est classée au Patrimoine mondial de l'humanité.
Nous sommes un groupe de 10 voyageurs et 4 personnes du lodge sont là pour nous accueillir.
On prend ensuite une pirogue à moteur (qui va très vite : 50 à 60km/heure en lançant de grandes giclées d'eau au passage) direction le Sani Lodge ...
Par endroits, le fleuve fait bien 2 km de large. Deux heures et demie plus tard, alors que des trombes d'eau se sont mises à tomber et que l'on se cache sous nos panchos (photo), on arrive à un "chemin de planches" (environ 1km), puis à un autre minuscule débarcadère où de nouveau nous nous installons sur deux barques de 6 personnes chacune, et nous voilà repartis, à la pagaie cette fois, pour une petite demi-heure, quand nous apercevons enfin l'entrée du Sani Lodge !
Un lodge ma foi très confortable : je suis logée dans une jolie cabane mais pas d'eau chaude bien sûr !
Là, durant 3 jours, je découvre la forêt amazonienne, humide, sombre et dense, plus haute et luxuriante que celle du nord du Yucatan, (mais moins que celle du Brésil paraît-il) sa végétation extraordinaire , et une faune en revanche assez rare, à part les oiseaux que l'on entend le soir et qui font un incroyable vacarme joyeux, musical, très agréable... auquel s'ajoute souvent le bruissement des gouttes de pluie - ou des trombes d'eau- qui tombent sur les feuilles des arbres ...Un autre monde. Sonore et mystérieux.
Le soir sur le rio Napo à la recherche de caïmans
et des toucans de toutes les couleurs :
Ici des toucans, qui ont des becs de toutes les couleurs, briseurs de graines, indispensables
On a même trouvé des "fruits" (achiote sauvage) qui donnent le piment rouge pour se dessiner les signes symboliques sur le visage
C'est aussi surtout pour sa population (3% seulement de la population totale du pays) que cette région est intéressante. Une population indigène extrêmement pauvre, qui vit en quasi autarcie et lutte contre les projets pétroliers.
Ceci dit , je n'ai vu ni puit de pétrole ni raffinerie ...qui pourtant existent bien.
Les indiens Quechuas (majoritaires ici) se sont organisés en communautés : chaque famille a reçu son lopin de terre dont elle est propriétaire. Mais beaucoup de choses se font "en commun" et notamment ceux qui veulent créer ou participer aux travaux de centres écotouristes, comme le Sani Lodge, le peuvent. Chaque communauté est dirigée par un "président" élu pour 4 ans, et les différentes communautés se réunissent entre elles régulièrement à Coca. Cet écotourisme leur permet de vivre et de rompre leur isolement. De se faire connaître aussi. Mais encore aujourd'hui les touristes qui choisissent de venir ici ne sont que 4%, essentiellement des jeunes : dans mon groupe la moyenne d'âge : 30 ans !
Ci dessus, on voit les 7 maisons qui représentent le lodge (tout en haut à droite), et la communauté qui est située le long des deux bords du Rio Napo, avec ses lopins de terre rectangulaires ayant tous un accès au fleuve.
Les Communautés, au nombre (approximatif) de 136 dans toute l'Amazonie, se composent grosso modo de 20 familles chacune et sont à l'origine de la création de 200 entreprises. Celle du Sani lodge a environ 150 habitants.
Toutes ces communautés sont aidées par un organisme international : la FICAE
Les Quechuas sont des gens très joyeux, les guides sont très cultivés, même s'ils ne parlent pas tous le quechua. Ils vivent de façon très simple et très saine et se soignent avec des plantes médicinales, nous en avons vu des dizaines.
Les femmes là aussi comme au Guatemala, portent leurs enfants dans des "parillos". Nous avons été reçus à déjeuner dans leur communauté ... un repas très local , notamment des larves grillées:
Beaucoup d'arbres sont encombrés d'épines ou de plantes épiphytes qui poussent sur les autres telles les orchidées dont les variétés sont innombrables ... Beaucoup de palmiers "toquilla" qui servent à tout, au tressage des toits et à la fabrication des chapeaux "panama" , symbole de l'Equateur.
Ces trois jours ont été fatigants (pour moi!) : lever à 5h30 tous les matins pour aller voir les animaux, pluie la moitié du temps, bottes trempées et pleines de boue ... mais ce qui est drôle c'est de voir les quechuas qui s'en fichent complètement : pour eux, c'est comme si la pluie n'existait pas , ils ne s'en préoccupent même pas .... c'est vraiment une expérience à faire que je ne regrette pas ... d'autant plus que j'ai eu la chance être avec un groupe de jeunes hyper sympas et que je salue bien
Un article rédigé par Aline TIMBERT sur le problème du pétrole en Equateur
(mais aux dernières nouvelles le projet de rejet du puits de pétrole serait remis en question .....)
Le président équatorien, Rafael Correa, relancera d’ici quelques jours, aux Nations Unies, le projet « Yasuni ITT », une initiative écologique de son gouvernement dont le but est de maintenir sous terre une importante quantité de pétrole brut localisée en Amazonie en échange d’une contribution financière au niveau international.
Lors d’un voyage officiel réalisé au Japon il y a maintenant un an (septembre 2010), le président avait déclaré « L’Équateur a le droit d’extraire ce pétrole, c’est pourquoi le pays réclame une compensation pour ne pas l’exploiter », tout en précisant qu’il s’agissait là d’une proposition « altruiste » de son gouvernement qui réclame, à ce titre, la moitié de la somme qui serait susceptible d’être engrangée au moyen de l’exploitation du sous-sol amazonien. Ivonne Baki
La proposition a été bien accueillie initialement par différents gouvernements et institutions, cependant la récolte de fonds n’excède pas pour le moment 5 millions de dollars, 40 millions doivent être débloqués conformément aux engagements de différentes nations, selon des informations données par la négociatrice du projet, Ivonne Baki, ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO. Le gouvernement équatorien espère recevoir d’ici la fin de l’année un fidéicommis international de 100 millions de dollars (administré par la PNUD), dans le cas contraire, le chef de l’État se dit prêt à exploiter la réserve pétrolière située en plein coeur de l’Amazonie, à raison d’une production estimée à 850 millions de barils. Ivonne Baki a insisté à différentes reprises sur le fait que la non d’exploitation de cette réserve de pétrole permettrait d’éviter l’émission dans l’atmosphère d’environ 407 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Ce thème devrait être à nouveau évoqué en marge de l’assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra le 23 septembre, en effet le président Rafael Correa, soutenu par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, devrait motiver les présidents qui assisteront au forum afin que ce projet devienne concret grâce à leurs financements. Cette occasion pour le chef de l’État équatorien de s’exprimer sur cet engagement environnemental lui sera accordée lors d’une réunion parallèle à celle tenue à l’assemblée, un événement auquel ont été conviés différents chefs de l’État.
L’Équateur propose à la communauté internationale qu’elle contribue à hauteur de 3,5 milliards de dollars soit l’équivalent de la moitié des bénéfices auxquels pourrait prétendre l’État s’il finissait par opter pour l’exploitation des ressources pétrolières regorgeant dans son sous-sol.
Le Parc National Yasuni abrite des populations indigènes isolées, et il est considéré comme l’un des lieux les plus riches de la planète d’un point de vue de sa biodiversité. Il a été créé en 1979 et déclaré par l’UNESCO comme Réserve Mondiale de la biosphère en 1989. Il s’étend sur 982 000 hectares dans le bassin de l’alto Napo en Amazonie. il offre une variété de 2 274 espèces d’arbres et d’arbustes, sur un seul hectare on peut répertorié jusqu’à 655 espèces différentes.
Le projet « ITT », qui reprend les initiales des gisements pétrolifères d’Ishpingo, de Tiputini et de Tambococha, dans la forêt amazonienne, sites qui présentent près de 20 % des réserves du pays en or noir, a pour objectif de convaincre la communauté internationale de financer à hauteur de 3,5 milliards de dollars sur 12 ans l’abandon de leur exploitation, soit un manque à gagner que les Équatoriens évaluent à 850 millions de barils de pétrole.
Selon Ivonne Baki « cette réunion médiatique permettra de voir l’importance que les différents États accordent à cette initiative écologique », elle a cependant ajouté que la crise économique et politique qui affecte le Moyen-Orient a affecté le financement des principaux pays intéressés par cette proposition environnementale. Pendant son voyage en Belgique survenu le 13 août dernier, le président équatorien a annoncé que, s’il ne parvenait pas à recevoir l’appui financier nécessaire à ce projet, il analyserait avec son gouvernement la possibilité d’appliquer le « plan B » à savoir l’exploitation du pétrole avec les conséquences que cela peut avoir sur l’environnement.
Le parc naturel Yasuni
Il est à noter que l’Équateur pourrait mettre en place grâce aux financements étrangers une « ville de la bio-connaissance » au coeur de l’Amazonie afin d’effectuer des recherches scientifiques dans le domaine médical en procédant à l’analyse de la grande biodiversité du parc naturel Yasuni. « Nous analysons la possibilité de créer à moyen terme une ville de la bio-connaissance et nous y réfléchissons dès aujourd’hui » a déclaré Ivonne Baki à l’Agence de presse Notimex. Elle a précisé que le centre pourrait se situer à Nuevo Rocafuerte, à la frontière amazonienne avec le Pérou, à une distance raisonnable du parc national Yasuni, afin de ne pas endommager « l’écosystème » de la région; de plus elle a souligné avoir pris contact avec des scientifiques pour mener à bien projet de création d’un pôle de recherche. Elle a informé pour le moment il existait deux centres de recherche créés par l’université catholique de Quito et par l’université de San Francisco. Elle a tenu à souligner qu’il n’y avait pas de centre équivalent à ceux existant à Hawaï, au Panama, au Costa Rica ou encore dans d’autres pays bien que l’Équateur bénéficie de richesses naturelles bien supérieures à celles présentes dans ces différents pays, « il manquait une décision politique pour le faire » a-t-elle déclaré.
Elle n’a pas manqué de souligner que le prix Nobel de médecine, Eric Chivian, a rédigé un ouvrage sur l’importance de la biodiversité au Yasuni, mettant en exergue le potentiel pharmaceutique présent dans ce patrimoine naturel « tous les médicaments pour soigner les maladies du monde » a-t-il écrit. « Il a affirmé qu’il existait au moins 40 000 sortes de venins efficaces dans le traitement de maladies », les venins de certains batraciens comme les grenouilles sont de véritables médicaments aptes à traiter différentes maladies. « Il faut exploiter cette richesse et pour le moment nous n’avons pas les moyens de faire » a ajouté Ivonne Baki.
« Ce que nous possédons sur la terre de Yasuni est bien plus précieux que ce que nous avons sous terre » a-t-elle affirmé. Nous ne devons pas seulement nous focaliser sur le thème du changement climatique engendré par l’exploitation pétrolière, mais aussi sur la riche biodiversité qu’abrite le Yasuni. En effet, il s’agit « du plus grand apport que l’ Équateur puisse faire au monde ».
Rafael Correa
Le voisin colombien a clairement manifesté son soutien au projet en débloquant 100 000 $, un geste salué par le ministre des Affaires étrangères équatorien, Ricardo Patiño, qui a loué « les liens d’amitié et de coopération entre les peuples équatoriens et colombiens » dans un communiqué officiel.
Par ailleurs, au mois d’août, des membres de la communauté indigène waorani, 250 représentants pour être précis se sont donné rendez-vous dans la localité de Tiguino, pour rencontrer la chef de projet Ivonne Baki afin d’en savoir davantage sur l’évolution du projet Yasuni ITT en compagnie du représentant du Fonds Yasuni, Manuela Ima. À l’issu de cet atelier de socialisation autour de l’initiative développée par le gouvernement, 30 communautés waoranis ont signé une résolution où ils s’engagent à respecter les postulats
Sachez également que l’ancien président de la République français, Jacques Chirac a été séduit par le projet Yasuni, il a promis lors d’une visite effectuée par Ivonne Baki en France au mois de juin 2011, l’appui inconditionnel de la Fondation Chirac (créée en 2008) pour mener à bien cette initiative de préservation de l’océan vert…
(Article rédigé par Aline Timbert)
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