Le matin, départ pour Ispahan vers le sud ... environ 250 km dans notre très confortable minibus. Nous traversons des paysages de déserts et de montagnes au loin, il fait super beau, chaud et nos obligatoires foulards nous embêtent un peu ... mais l'ambiance est toujours au beau fixe et nous nous amusons beaucoup avec Jojo et Gilles qui sont déchaînés et enchaînent les blagues ! Reza notre chauffeur et Azie ne sont pas en reste :)
En partant de Kashan, nous visitons la ville souterraine de Noush Abad : dès le 5ème siècle avant JC ces réservoirs d'eau existaient dans toutes les villes désertiques. La ville servait aussi de refuge en temps de guerre, les gens pouvaient y vivre, dormir, manger et se protéger des envahisseurs (3ème-7ème siècle )
Nous poursuivons notre route vers Abyaned, un beau village zoroastrien tout en pisé, classé au patrimoine mondial par l'Unesco pour son architecture et la conservation de ses coutumes anciennes , notamment les vêtements des femmes qui ne sont pas toujours en noir comme partout ailleurs. On peut y voir aussi beaucoup de réservoirs d'eau qui permettaient de récupérer l'eau de l'extérieur par des ouvertures creusées au sommet des dômes. la tradition était aussi de décorer les portes et les intérieurs des maisons avec des sortes de grands colliers en perles. Aujourd'hui le village est surtout habités de personnes âgées
village zoroastrien d' Abyaned
Nous arrivons à Natanz, où Reza nous concocte un bon petit café en essayant de nous apprendre comment faire claquer ses doigts à la manière iranienne ... nous avons encore des progrès à faire !!
Bravo Réza !
Un voyage très joyeux !!!
ça danse, à l'abri des regards !
Il est temps de parler un peu , en résumé de l'architecture islamique !
Architecture islamique
Art de construire développé dans une région s'étendant de l'Espagne à l'Inde entre 622 et le xixe siècle
1-les matériaux : le pisé (terre, chaux, argile), le banco (terre crue et paille), la brique crue ou cuite, moellon (pierre de construction calcaire en général), pierre
2-les éléments architecturaux :
les arcs (toutes sortes dont « l’arc persan »),
les piliers (ronds ou carrés) ou colonnes,
les coupoles (reposent sur une zone de transition octogonale qu’on appelle le « tambour »)
Les dômes : sont l’extérieur des coupoles (les coupoles sont souvent double avec une coque interne et une externe),
Les iwans : spécifiques de l’Iran sassanide. Un iwan est un vaste porche, ou une salle voûtée ouverte sur un côté par un grand arc en tiers-point dit « arc persan », inclus dans un encadrement rectangulaire . Les voûtes des iwans sont décorés de « stalactites » : petites niches associées géométriquement en stuc (« les trompes » ou « muquarnas »)
Généralement les cours des mosquées ont 4 iwans disposés en croix :
L'iwan combiné avec le plan carré des palais achéménides a donné le modèle du plan de mosquée dit iranien (quatre iwans s'ouvrant sur une cour), que l'on retrouve dans tout l'Iran et au-delà (Ouzbékistan).
Pishtakp : portail en forme d’arc qui fait saillie sur la façade, parfois entouré de 2 minarets, les moucharabiehs.
3 - Les éléments décoratifs :
céramique (Art de fabriquer les poteries, fondé sur la propriété des argiles de donner avec l'eau une pâte plastique, facile à façonner, devenant dure, solide et inaltérable après cuisson. On découpe les carreaux de céramique pour les agencer et en faire des mosaïques) , sculpture, peinture, mosaïque (Assemblage fait de petits cubes ou de fragments multicolores de divers matériaux, terre cuite , argile, pierre, marbre, émail, verre, métal, bois, etc.) formant un motif décoratif qui pare le revêtement d'un sol, d'un mur, d'un plafond ou la surface d'un objet. La mosaïque de céramique est assez spécifique à l'art timuride).
L’ablaq est l’incrustation de pierres de couleur dans le mur,
Sur Ispahan voir le blog :
http://www.blancguy.fr/332197656
4- Typologie des bâtiments :
A - La mosquée :
Il existe différents plan de mosquées (mosquée de quartier et grande mosquée) et différents plans de mosquées suivant les pays.
Le plan iranien apparaît au xe siècle avec la dynastie seldjoukide et se caractérise par l'emploi d'iwans, d'un pishtak et une salle de prière sous coupole. Un iwan est une salle voûtée ouverte sur un côté par un grand arc inclus dans une encadrement rectangulaire. Généralement, les cours des mosquées en comportent quatre disposés en croix. Un pishtak est un portail formant une avancée, souvent surmonté de deux minarets et ouvert par un grand arc. La mosquée du Shah à Ispahan est l'un des plus beaux exemples connus de plan iraniens. les bâtiments qui entourent les cours des mosquées peuvent avoir un ou deux étages . L'entrée (iwan) de la mosquée donne sur la rue.
Eléments constitutifs d'une mosquée :
L'enceinte : la mosquée est toujours séparée du monde extérieur par une enceinte. Parfois, elle jouit même d'une ziyada, c’est-à-dire d'un espace vide clos par deux enceintes qui entoure la mosquée et sert pour la purification du croyant.
La salle de prière ou Haram : c'est le lieu où les musulmans prient. Le sol est toujours recouvert de tapis afin de conserver le lieu purifié.
La fontaine : indispensable dans une mosquée, elle permet au croyant de pratiquer ses ablutions rituelles avant la prière.
Le minaret : haute tour, d'où le muezzin lance l'appel à la prière. Le minaret sert à marquer l'emplacement d'un sanctuaire, car on le voit de loin, tout en permettant, surtout de porter la voix bien au-delà des habitations environnantes, appel faisant.
Le mihrab : élément le plus important du bâtiment, car il indique la Qibla, la direction de la Mecque, vers laquelle prient les musulmans.. Le mihrab a en général la forme d'une niche plus ou moins profonde et plus ou moins grande. Il peut en exister plusieurs dans une même mosquée.
Le minbar : chaire à prêcher. En bois ou en tout autre matériau (pierre, marbre par exemple), il se situe presque toujours juste à côté du mihrab.
La dikka : tribune qui permet de répercuter dans la salle de prière le sermon du muezzin. On n'en trouve que dans les grandes mosquées.
La Maqsura : il s'agit d'un endroit clos situé près du mihrab, réservé au souverain pour le protéger des attaques. La maqsura n'est pas présente dans toutes les mosquées, car elle s'oppose à l'idéal d'égalité de la religion musulmane.
B – Madrasa :
Le concept de la madrasa naît en Iran au xie. On retrouve cette origine iranienne dans l'unité architecturale qui caractérise les madrasas : le plan cruciforme, à quatre iwans…
Une madrasa est généralement considérée comme une école coranique, cependant, c'est principalement un lieu où l'on étudie le droit. Certes, celui-ci est basé sur la Charia, la loi islamique telle qu'expliquée dans le Coran, mais dans le monde islamique, il faut se rendre compte que le Coran régit la plupart des aspects de la vie quotidienne. De plus, on enseigne également dans les madrasas la philologie, la linguistique arabe, la science (sauf la médecine, qui est enseignée dans des écoles spécialisées). Souvent, la madrasa sert de mosquée de quartier, et vice versa
À Ispahan se trouve la plus ancienne madrasa conservée, la Shah-i Mashhad datée de 1175.
C - Architecture funéraire :
Dans le monde islamique, les musulmans sont normalement enterrés à même le sol, dans un linceul, sans cercueil ni tombe. Cependant, rapidement se sont développés plusieurs types d'architecture funéraires pour les hauts personnages et surtout pour les saints. Cette architecture est née en Iran, où de nombreuses religions étaient pratiquées et traitaient leurs défunts de manières différentes, et où le chiisme dominait .
Le chiisme a favorisé l'apparition de mausolées, qui servent de lieu de prière et d'invocations de saints, comme c'est par exemple le cas à Mashhad avec le tombeau de l'imam Reza. Les tombeaux de saints sont appelés imamzadeh.
Deux formes émergent en particulier : le mausolée sous coupole et la tour funéraire, les deux pouvant prendre différentes formes.
La tour funéraire (ou « tour du silence » en Iran) dérive de rites zoroastriens : les cadavres étaient exposés au sommet de hautes tours pour être déchiquetés par les vautours. Plus tard, les chambres funéraires furent placées sous la tour, dans une crypte, puis à sa base. Aujourd’hui en Iran, les dépouilles des zoroastriens sont inhumées dans un cimetière aménagé.
D - Complexes : regroupement de plusieurs bâtiments (complexes palatials) parfois avec boutiques
E – Les palais
Contrairement à leurs homologues occidentaux, les palais en terre d'Islam se présentent sous la forme de petites entités dispersées, souvent dans des jardins qui structurent l'espace. Plusieurs éléments se trouvent presque systématiquement dans les palais islamiques : la salle d'audience (Diwan, qui est aussi le nom du conseil des ministres), le harem, qui ne constitue pas un lieu réservé aux femmes, mais tout simplement les appartements privés de l'habitant, et enfin des pavillons de plaisance.
F – Les Maristans (les hôpitaux)
Presque toujours administré en waqf, il appartient souvent à un complexe, étant donné sa vocation charitable. En effet, un maristan se doit d'accueillir tout musulman (et toute musulmane) et de lui offrir des soins gratuits. Ce qui ne signifie pas, bien au contraire, que le personnel est sous-qualifié
G - Structures d'hygiène :
-Un sabil est une fontaine publique, dont chacun peut puiser gratuitement l'eau.
- Les hammams sont des bains, organisés la plupart du temps sur le modèle des bains romains (salles froide, tiède et chaude). Ils prennent une place prépondérante dans le monde islamique, où la propreté du corps est considérée comme essentielle.
H – Structures commerciales:
- Caravansérails ou « khan » :
Un caravansérail est un bâtiment qui accueille les marchands et les pèlerins le long des routes et dans les villes. Selon les endroits, le nom change : dans le monde iranien, il s'appellera plutôt khan Un caravansérail est toujours fortifié, et comporte à la fois des écuries (ou des enclos) pour les montures et les bêtes de somme, des magasins pour les marchandises et des chambres pour les gens de passage. Il est fréquent que les magasins se trouvent au rez-de-chaussée et les chambres au premier étage.
Les wakala sont des édifices urbains où les marchands déposent et vendent leurs marchandises à des grossistes
- Bazars :
Dans les villes, les marchés sont des lieux importants. Ils prennent le nom de souk en arabe et de bazar en persan. Ils sont en général organisés par corporations. Les échoppes et les réserves se trouvent au rez-de-chaussée et le premier étage comprend les logements des marchands, et parfois leurs ateliers s'ils vendent leur propre production. On trouve parfois dans les caravansérails des logements à louer.
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