Lorsque le barrage de Murum sera achevé, des milliers d'hectares de terres Penan seront submergés. | ©REMI BARROUX
Bornéo en Malaisie
Sur l'île de Bornéo, il y a deux Etats malais : le Sarawak et le Sabah.
Entre deux séjours à Singapour, me voici partie pour 15 jours à la découverte du Sarawak.
Le Sarawak, grand comme un quart de la France, est le plus grand Etat du pays par sa superficie (124 500 km2) et compte 2 200 000 habitants environ. Situé à proximité de l'Equateur il a un climat tropical et est couvert à 80% par la forêt équatoriale.
Sa capitale : Kuching de (660 000 habitants) située le long de l'embouchure de la rivière "Sarawak" qui donne sur la mer de Chine .
En 1839, un Anglais du nom de James Brooke (1803-1868) achète, avec son modeste héritage, un yacht qu'il arme et avec lequel il part pour Singapour. De là, il se rend à Bornéo en quête d'aventure. Il se met au service d'un prince du sultanat de Brunei, en proie à une guerre civile. En 1841, il est récompensé en étant nommé Râja (gouverneur) de la région de Kuching. C'est le point de départ d'un extraordinaire empire privé, le Royaume de Sarawak, que Brooke et ses deux successeurs, les Raja Putih (Rajahs blancs), vont étendre6.
Le Sarawak devient colonie de la couronne britannique en 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, puis obtient l'indépendance en 1963 pour rejoindre la Malaisie.
Abdul Taib Mahmud, l'actuel gouverneur de l'Etat du Sarawak - 74 ans-un homme très riche et très critiqué ...
Le pétrole, la pêche, le bois, le caoutchouc, le cuivre et le tabac sont les principales ressources du Sarawak. Le gouvernement malaisien envisage aussi d'utiliser au maximum l'énergie des très nombreux cours d'eau.
Les tribus indigènes sont majoritaires à Bornéo (50% de la population des 2 Etats l'île).
La population native du Sarawak, constituée de dizaines de tribus parlant autant de dialectes, est la véritable gardienne de Bornéo, grâce à ses conteurs et à ses communautés respectueuses des traditions ancestrales. Ce mode de vie ancien représente désormais un patrimoine culturel convoité, qu'il s'agisse de la vie dans les "maisons longues" ou de la transmission des mythes, des légendes et des sortilèges séculaires.
Au Sarawak, les peuples autochtones sont collectivement dénommées Orang Ulu ou Dayak . On distingue les groupes principaux suivants : Bidayut, Kelabit, Berawan, Penan, Kenyah, Kayan et Iban (50% du total).
les Iban (Sea Dayak) sont la tribu la plus nombreuse avec environ 600 000 personnes. Ils vivent toujours dans la jungle au sein de villages traditionnels qui regroupent des "longhouses" le long des fleuves Rajang et Lupar . Ils se sont convertis au christianisme mais conservent leurs pratiques animistes.
Les Bidayuh (land Dayak) sont 170 000 environ, concentrés au sud-est du Sarawak, notamment autour de Kuching où beaucoup finissent par s'installer.
Malgré la modernisation, le pays reste attaché à ses coutumes et traditions. Si la plupart des malais suivent les préceptes de l'islam, ils conservent aussi "l'adat", leur système spirituel et social, qui régule une partie encore importante de leur vie dans les "Kampungs", les villages traditionnels. L'adat, qui prend ses racines dans la période hindoue, insiste sur la responsabilité collective, la famille et la communauté, l'entraide et l'assistance. Les cérémonies familiales et les rituels sont nombreux. En période de fête, les malais suivent le rituel de la "porte ouverte à tous". En tant que chef religieux, l'imam a une position importante dans la communauté puisqu'il détient la connaissance de l'Islam, alors que le "pawang" (qui sait faire tomber la pluie, améliorer les récoltes de riz ou apaiser les esprits ...) et le "bomoh" (qui connait les plantes médicinales et communique avec les esprits ) sont eux détenteurs d'une connaissance spirituelle plus ancienne ...
Les tensions semblent demeurer entre les différentes populations malaises, ainsi que celles dues à la préservation de la forêt primaire et à la construction de barrages .
Un article du journal "le Monde" du 7 novembre 2013 :
Lorsque le barrage de Murum sera achevé, des milliers d'hectares de terres Penan seront submergés. | ©REMI BARROUX
Pour terminer voici " mes petits conseils habituels de lecture" sur la Malaisie :
- "la Malaisie" de Michel Gilquin - Editions Karthala - Un livre édité en 1996 mais que je trouve remarquable !
- "Un rajah blanc à Bornéo" - la vie de James Brooke - de Nigel Barley. petite bibliothèque Payot -2002-
- "Les Sultanats de Malaisie" - Un régime monarchique au XXème siècle - de Laurent Metzer - Chez L'Harmattan 1994 -
- "Aux origines du monde : contes et légendes de Bornéo" , contes recueillis et traduits par Mady Villard - Ed. Files France 2013- qui nous fait bien comprendre les coutumes qui perdurent aujourd'hui!
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