31- 2 Nurata, Sob, Sentop, Oukhum
La grande aventure commence aujourd’hui : direction le nord vers le lac Aydar Kul : paysages de steppes désertiques à perte de vue. La route est en (àpeu près) bon état, il fait chaud, mais le "Gr Martine Bachelier" est en pleine forme pour aller à la découverte des GR d'Uz. ! Bernard s'est même équipé d'une calotte locale ...
La seule ville traversée est Navoï. Là, surprise, la ville est noire de monde, un énorme embouteillage sur la route qui est coupée, des policiers partout…contrôles… contrôles… nous resterons bloqués pendant une heure, notre chauffeur s’énerve … impossible de faire demi-tour, certains y parviennent quand même. Finalement Bernard sort de la voiture, se dirige vers le check point et parvient à discuter avec une femme qui vient nous voir et réussit à nous faire passer sans trop de problèmes … Bravo ! Nous sommes libres. Nous comprenons qu’il s’agit d’un grand festival qui attire beaucoup de monde (Le "Festival des cultures traditionnelles") créé à Navoï par la fille du Président Karimov.
Arrivés à Nurata, une petite ville de 50 000 hab. connue pour être le point de rassemblement des troupes d’Alexandre le Grand avant la prise de Samarkand : on y voit sa forteresse en ruine. Deux mosquées rénovées et une source d’eau sacrée : c’est aussi un lieu de pèlerinage important.
Nous logeons chez l’habitant, dans la vieille ville -qui est plutôt un village- et comme toujours ensuite nous y serons accueillis avec beaucoup de gentillesse, par un thé vert accompagné de cacahuètes, de gâteaux et de bonbons... que nous retrouverons d'ailleurs sur la table à tous les repas . Nous les prenons sous la tonnelle et dormons en « dortoir » sur des nattes. Boris, notre chauffeur qui commence à nous connaître, n'hésite plus à faire de plus en plus le clown (il s'amuse tout le temps à nous parler en fermant un oeil) et nous raconte des histoires drôles que Bakhrom, notre guide (à droite) nous traduit. Boris, a surnommé Bernard « Berdiboy » (le gentil riche) et Gilles « Juraboy ». Il apprend aussi à Mireille à danser sur une seule jambe en se tenant accroupie...
La jeune fille de la maison me prête même son chapeau !
Les conditions de vie sont assez sommaires ici, comme elles le seront plus ou moins partout : le jeune garçon de la maison fait chauffer l'eau de la douche en faisant de feu dessous, tandis que la jeune fille fait la cuisine avec ce qu'elle trouve dans le jardin: actuellement c'est la saison des concombres, des tomates, et des pommes de terre. Mais c'est très bon.
Le soir, la Vodka coule à flot : il faut respecter la coutume, porter un toast chacun à son tour, faire "cul sec" ... et recommencer !! je suis obligée de trouver des astuces pour m'en sortir : je verse discrètement ma vodka dans mon verre d'eau ... où dans le verre de Bakhrom... Ca marche Ouf !!
Le lendemain nous continuons vers le nord et le Lac Haydarkul situé en plein désert à 6O km de Nourata. Une route toute droite au milieu de la steppe à perte de vue. Très peu de circulation et encore moins d’habitations. Le lac, vaste étendue très calme d’un bleu azur étincelant pointe le bout de son nez au loin. Il brille sous le soleil qui tape de plus en plus fort. C’est un lac salé créé à la suite du déversement d’un réservoir, qui contient aujourd’hui plus d’eau que la mer d’Aral et qui continue de se remplir. Les immenses étendues traversées sont recouvertes de coquelicots en fleur.
Arrêt à midi dans une tchaïkana où l’on nous sert des carpes grillées du lac. Délicieux !
Nous partons faire une grande promenade sur le chemin qui longe le lac, où Mireille et Beranrd ont le courage d'aller se baigner, malgré l'eau très froide, pas grand chose en vue sinon des troupeaux de moutons ...
Brrr.......
Rescapés du lac, nous avons plaisir à regarder nos photos
Nous arrivons à Sob, un tout petit village perdu au milieu de nulle part en bordure de la chaîne de montagne Nurala Tizmasi.
Là aussi nous sommes « chez l’habitant », un logement très simple, mais finalement nous nous faisons bien à la vie de routards , filet de douche froide et wc à la turque ! Nous partons faire une grande randonnée avec le fils aîné de la famille « Sam » qui nous sert de guide. Le paysage est magnifique. Nous observons les sources d’eau, les fleurs, les moutons, les vaches, nous croisons des Kasahks à dos de mulets et de nombreux enfants qui tous nous font de grands signes de la main accompagnés de chaleureux « assalam malekoum » (bonjour) … et même un stupa sur lequel Bernard ajoute quelques pierres.
Certaines maisons me font penser à des temples tibétains :
Cette région semble très pauvre, la population y vit en autarcie, chacun cultivant son potager. Elle est peuplée de Kasakhs qui étaient déjà la avant la formation des nouvelles frontières et y sont restés depuis. Ils ont gardé leur nationalité et parlent kasakh mais sont "citoyens d’Oubékistan", bien qu’ils n’aient pas le droit de vote... Allez comprendre.
Après un bon déjeuner fait de raviolis maison : toujours par terre, on pose la viande, on enroule la pâte autour du doigt et hop ... c'est fait ! ensuite il reste à faire cuire au feu de bois.
Nous faisons route vers notre prochain village Sentop environ 500 habitants, très dispersés sur un immense territoire montagneux traversé par une joie rivière. Les gens ici sont Tadjik et parlent le tadjik. Ils sont dans la même situation que leurs amis Kasakhs que nous venons de quitter. On découvre notre logement chez l’habitant : une grande maison fait pour recevoir les touristes qui y sont aussi logés en dortoirs, sur des nattes. Dans ces vastes pièces, hormis les matelas en coton -très minces !- étalés sur le sol, il n’y a rien d’autre, pas même une chaise … et comme toujours il faut enlever ses chaussures avant de rentrer, pour ne pas salir les tapis qui recouvrent le sol. La douche (très rudimentaire où seul un très mince filet d’eau coule) et les WC sont toujours à l’extérieur, dans la cour. Mieux vaut être muni d’une lampe électrique !
Les propriétaires sont très gentils et très chaleureux, viennent nous montrer leurs enfants, parler avec nous, souvent par gestes, mais pas de problème, nous finissons toujours par nous comprendre ! Les gens habitent le plus souvent en famille comprenant grands parents, enfants et petits enfants. C’est encore le cas dans ce B & B. Les filles, elles, quand elles sont mariées, partent habiter chez leurs beaux-parents. C’est vrai que les « grand-mères » que nous avons rencontrées semblent très autoritaires ! Ce qui nous surprend toujours c’est que la cuisine, le service à table, sont exclusivement le domaine des femmes qui pourtant ne viennent jamais s’asseoir à notre table, alors que les hommes eux mangent parfois avec nous. Ou se reposent dans les tchor poya (taktan en russe)
Après une courte sieste, nous sommes partis à la découverte du village… aux maisons très « éparpillées » dans la nature, et le lendemain grande promenade de 3h. en remontant le long de la rivière. L’occasion encore de rencontres en tous genres : enfants qui rentrent de l’école (la scolarité est obligatoire à partir de 7 ans, dure 4 ans et ensuite il y a le collège, le bac à 21/22 ans … et l’université pour ceux qui en ont les moyens), les troupeaux qui passent, des femmes et des hommes à dos d’âne, un petit garçon se met même debout sur le dos de son âne en nous voyant !
Beaucoup de maisons en ruines, on se croirait parfois dans un village « mort ». Seules les anciennes peintures murales apparaissent. Quelques rares « grandes et belles » maisons attirent notre attention. D’autres ressemblent à des temples tibétains. Un monument funéraire (ci-dessus) me fait penser à un stupa surmonté d’une grande main qui s’élance vers le ciel et dont les 5 doigts représentent les 5 piliers de l’Islam… quant aux drapeaux votifs ils sont remplacés par des cailloux blancs.
Le lendemain, après une heure de route sur un chemin caillouteux, nous arrivons à un village situé de l'autre côté de la montagne : Oukhum. Ouzbeck cette fois. Arrivés au sommet, nous devons charger nos sacs sur des "Mercédès ouzbecks" comme dit Boris, autrement dit à dos d'âne, pour atteindre notre chambre d'hôtes, car le chemin n'est pas carrossable :
Nous sommes accueillis chez une famille très pauvre, dont la père est professeur de mathématiqes au collège et la maman institutrice. Elle est adorable, et c'est la première femme qui aura "le culot" de venir s'asseoir à notre table !Pas facile pour Gilles de s'asseoir par terre !
Les conditions d'hébergement sont encore plus spartiates que les jours précédents : wc et douche froide de l'autre côté du pré , après avoir traversé la rivière sur un petit pont de bois branquignolant ! La nuit, il vaut mieux se munir d'une lampe! Pour se laver les mains , deux petits pots en plastique suspendus remplis d'eau de la rivière :
Grande balade encore en montagne, accompagnés du fils de la maison :
partout, de petits canaux de dérivation pour irriguer les rares potagers, des ânes chargés de sacs de bouze qui sert d'engrais, des noyers, de jolies chèvres aux longues oreilles noires et blanches, des chevaux qui passent semblant connaître leur chemin, on s'est même essayer au Taï Chi sur la montagne !
et puis retour à la maison, pour un dernier déjeuner préparé dans la cuisine de la maison, tandis que l'on se repose dans le jardin, sur un "tchor poya" ...
....avant de repartir vers Samarcande : mulet, puis chemin de terre, puis route défoncée : au total 6 heures pour atteindre à la "perle de l'Orient" ... ça se mérite ! Mais ambiance toujours au beau fixe
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