31-1 : Boukhara
Attente dans l'aéroport de Tashkent ... et du hublot, je vois les différents paysages traversés jusqu'à Boukhara : steppes et lac Haydarkul où nous irons bientôt nous baigner ...
Boukhara, plus de 300 000 hab., la "perle de l'Islam" : son nom pourrait venir du farsi "boukhar" qui signifie "connaissance" ou du sanscrit "vihara" qui signifie "monastère bouddhique" ...
L’une des plus vieilles cités du monde, l’une des villes les plus religieuses de l’Orient, comptant plus de 360 mosquées, une centaine d’écoles coraniques qui totalisèrent jusqu’à 10 000 étudiants. Marché capital sur la Route de la Soie, elle a possédé plusieurs dizaines de caravansérails. Son bazar s’étendait sur des hectares. S’y retrouvaient les marchands les plus spécialisés, et les changeurs d’argent. Trois coupoles marchandes ont été préservées et rénovées et servent aujourd’hui exclusivement aux vendeurs de tapis et de souvenirs pour touristes. Sa bibliothèque a contenu jusqu’à 45 000 volumes.
Un personnage célèbre de la ville : le grand vizir « Abu Ali Al Husayn ibn Sina »– plus connu sous le nom d’ « Avicenne », fut linguiste, musicien, astronome… c’est aussi lui qui écrivit une encyclopédie médicale « le canon de la médecine » qui servit de base aux médecins du monde entier entre le 10ème et le 19ème siècle
C'était une des nombreuses cités sogdiennes, au coeur du Kysyl Kum (le désert de sable rouge) mais aussi de la vallée arrosée par le fleuve Zéravshan où les agriculteurs sont devenus très vite sédentaires. Une ville sainte où se côtoyaient zoroastriens, bouddistes , nestoriens, manichéens avec une grande liberté de culte.... et commerçante.Elle fut conquise par les musulmans en 708 qui mirent fin à la liberté de culte et remplacèrent les temples par des mosquées. En 892 elle devint le premier Etat musulman indépendant de la région, atteignit son âge d'or sous les Samanides, déclina au 11ème siècle, sous les Karakhanides, s'effondra sous la déferlante mongole, puis sous les troupes de Tamerlan en 1370. Boukhara ne connaîtra un nouvel âge d'or qu'au 16ème siècle sous les Chaybanides, puis à l'époque du "grand jeu" à la fin du 19ème.
Aujourd'hui l'économie de cette ville du désert est basée sur, outre le tourime, la culture des céréales et du coton. Elle possède aussi la plus importante raffinerie de pétrole d'Ouzbékistan.
Tout a été restauré pour redonner à la ville son éclat d'antan. Ce qui la caractérise par rapport aux autres grandes villes d'Ouzbékistan, c'est que son architecture couvre une très large période d'une dizaine de siècles.
Au centre de la vielle ville se trouve la place Lyabi-Khaouz avec ses constructions élégantes autour d’un bassin entouré de mûriers centenaires.
Dans la partie Est on peut voir la madrasa Nodir Devon Begi construite comme caravansérail transformée en une madrasa - école coranique - en 1630. Actuellement il reste 9 madrasas en fonction d'école dans tout le pays dont 2 Tashkent et 1 à Boukhara, ce sont des écoles privées payantes, où l'on apprend non seulement le Coran mais aussi toutes les matières fondamentales en 4 ans. C'est là, à deux pas de nos chambres d'hôtes, que nous commençons notre découverte de la ville :
-Notre B & B Hovli Poyon, la demeure d'un ancien Emir transformée en hôtel, très bien situé au coeur de la vieille ville tout près de la place Lyabi Khauz, et notre voiture conduite par celui que nous appelons "Boris" (avec une pointe d'humour :) car il s'appelle comme notre guide "Bakrom"
Après un moment de repos dans la cour de notre petit hôtel (très agréable!), Mireille se dirige vers la place principale de la vieille ville : Lyabi-Khauz, entourée de canalisations aériennes de gaz (il y en a partout ici ), et de nombreux monuments dont le khanaka, le bâtiment du 17ème siècle qui servait au Khan (ou Emir), mais aussi de lieu d'hébergement aux derviches ( ces nomades chanteurs soufis ). la place est entourée de canalisations, en son centre un grand bassin.
Je cueille quelques mûres blanches au passage, il y a en partout ici. Elles sont juteuses et très bonnes !
De l'autre côté de la place, la madrasa Nodir Devon Begi. Les 2 phénix qui arrachent les loups porteurs de malheur, et les emmènent vers le ciel et le soleil pour protéger les hommes ...sont les oiseaux mythiques très célèbres en Ouzbékistan.
Sur la place une sculpture du fameux clown ouzbek du 10ème siècle : Nasreddin dont tout le monde ici connait les blagues !
Il y a dans cette ville tant de monuments et de noms compliqués à retenir pour nous ... que je vais me simplifier la vie et mettre une série de photos des plus beaux monuments vus durant ces trois jours :
La plupart de ces monuments se trouvent dans la "vieille ville" de Boukhara, souvent autour des places où ils sont regroupés (caravansérail, mosquée, madrasa, palais du Khan, khanaka la résidence administrative du khan, minaret, nécropole, bibliothèque ...), l'ensemble formant ce qu'on appelle un "complexe". Il y a plusieurs complexes ici. Tous se ressemblent un peu dans la mesure où ils sont tous en brique beige, et mosaïque bleue (symbole du ciel) et cela aurait pu finir par être lassant si nous n'avions pas eu les explications très pointues de Bakrom, notre guide, qui sait faire la différence ... Tous ont été magnifiquement rénovés - après la destruction par les Russes -, et apparaissent aujourd'hui flambants neufs. Pour la plupart transformés en boutiques d'exposition et de vente pour touristes : l'artisanat est superbe et de très bonne qualité.
Nous sommes impressionnés par le nombre, la taille et l'harmonie de ces ensembles... et souvent le peu de monde qui s'y promène ! C'est juste le début de la saison.
Sous les "coupoles des marchands", où passaient les chameaux , on vend aujourd'hui encore tapis, faïences, textiles ... des "susani" : des tentures en coton, qui servent de couvre-lit, de nappe, ou de décoration murale . Recouvert de motifs traditionnels, le susani est fait de l'assemblage de morceaux de tissus cousus et brodés à la main de couleurs flamboyantes, mais aussi de couleurs naturelles, moins flashy.
Nous irons voir la forteresse de l'Emir, située un peu à l'extérieur de la ville sur la colline d'Afrosyab, une ville dans la ville, dont les fondations remonteraient à 2500 ans avant JC.
Puis une toute petite synagogue, trouvée par hasar dans les ruelles, car il y a une importante communauté juive ici:
Mais Boukhara c'est aussi les "villages" , où vivent les Ouzbeks d'ici : une multitude de petites ruelles ou chemins de terre, où les maisons, se cachent autour de cours centrales, derrière de petits murs de brique ou de pisé. Un autre monde ... qui semble bien pauvre !... et où les canalisations de gaz sont fixées aux murs :
Mais une promenade dans cette partie de la ville, souvent en rénovation aussi, sans lumière le soir (lampe de poche obligatoire), est très émouvante , les gens y sont calmes et joyeux, dînent dehors...Les vieilles Lada russes sont encore légion ...
A Boukhara nous avons visité un atelier de tissage de la soie, et un atelier de miniatures, représentant notamment Marco Polo sur la Route de la Soie, ainsi qu'un atelier de fabrication de marionnettes
La plupart des femmes porte les foulards, robes et pantalons traditionnels, elles adorent qu'on les photographie ! les enfants aussi ... ce n'est pas le cas dans tous les pays, loin de là, et mérite d'être souligné. C'est le signe de leur caractère spontanné et accueillant que nous retrouverons tout au long du voyage :
Les hommes quant à eux s'adonnent au backgammon et à la musique, essentiellement de petites guitares à 2 ou 3 cordes, des tambourins pour le rythme, et des flûtes pour l'accompagnement :
et nous, pendant ce temps là ... on déguste la cuisine ouzbek en famille,après que Backrom nous ait appris à servir le thé, selon la tradition, en 3 fois pour qu'il ait le meilleur goût : on reverse la première tasse dans le pot, puis la deuxième, puis la troisième ... en disant Loï, Moï, Choï (la terre, l'huile, le thé) ... et ensuite on peut boire. C'est bon, c'est léger. Yarchi
Photos prises dans la cour de notre B&B :
Demain départ vers le nord, avec hébergement chez l'habitant sans doute pas de wifi pendant 4 jours snif snif ... but don't worry
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