Martine autour du monde ...

9 - 5 : L'eau, le bambou et le feu : 
                                                                        
 


« Ah ... je voudrais bien, Madame, Monsieur, mais je regrette, je suis occupé cet après midi, je vends des glaces aux passants, merci à vous ». Le vieil homme, 73 ans nous dit-il, refuse dans un français parfait la bière que nous lui proposons. Nous n'insistons pas mais ne n'abandonnons pas pour autant cette bière glacée! Les Laos les plus âgés semblent être les plus passionnants, car témoins de l'histoire de l' « Indochine ».

Ils parlent très bien français, ont connu, dans leurs montagnes, le passage des différentes armées et cultures qui ont régulièrement voulu s'imposer sur leur territoire – Thaïlande, Vietnam, France, Chine, États-Unis... Ils viennent à la rencontre du tourisme qui s'accroît sans cesse, toujours mieux organisé, et qui parait transformer Luang Prabang à rythme soutenu.

Je découvre Luang Prabang mais, surtout, retrouve ma p'tite maman qui fait route avec son sac (et son couteau, si, si!) depuis presque 4 mois : impec', elle est au rendez-vous au minuscule aéroport de Luang Prabang, en pleine forme malgré la chaleur, alors que j'ai plutôt la tête disons ... dans les baskets après mes trois vols enchaînés!

 

Pas de peine à imaginer qu'il y a quinze ou vingt ans, Luang Prabang devait être une petite ville tranquille et calme au bord du Mékong déjà imposant à cette étape de son itinéraire, petite ville mais ville royale tout de même – d'où la profusion de temples et de lieux sacrés.

Aujourd'hui, les bruits de construction et de mobylettes se répondent dans chaque rue, quand ce ne sont les disques qui jouent à plein tube, nuit comme jour –  tout étant prétexte à une fête... – ou les chants harmonieux mais persistants des coqs !

 Enfin, des paquets de choses sont brûlés en permanence à Luang Prabang : les déchets, le charbon pour faire le feu de la cuisine, les encens, les terrains pour dégager les végétaux morts : de ce fait, une brume envahit quasi tout le temps la ville, en cette saison au moins!


                                                      


Certes, des moines bonzes animent (et entretiennent) toujours les temples mais, selon les témoignages que nous avons recueillis, beaucoup plus par obligation (tout adolescent doit accomplir une période plus ou moins longue dans un temple) que par foi bouddhiste. En revanche, les habitants originaires de la région de Luang Prabang (et encore plus des montagnes alentours) croient fortement aux esprits : des lieux leur sont réservés, certains (les anciens, les chefs de village) ont le pouvoir d'interagir avec eux et de connaître leurs souhaits et les gens veillent à ne pas les offenser dans leur vie quotidienne (ne pas construire ici, ne pas faire telle ou telle activité ...).



                                                         


Hormis cette petite péninsule concentrant les touristes, coincée entre le Mékong et un affluent (Nam Kane), la région de Luang Prabang est perdue dans des montagnes de quelques centaines de mètres qui creusent des vallées profondes que, parfois, quelques rivières ont la bonne idée d'arroser avant de faire grossir le Mékong – mais en cette saison sèche, le niveau est au plus bas, les villageois du bord du fleuve cultivent son lit, en y plantant salades et cacahuètes. Du coup, en attendant les pluies denses de l'été, les pentes des montagnes sont sèches et ce n'est pas la meilleure saison pour s'y balader. Au-delà des rives du fleuve où l'on peut voir la vie des Laos (on dit la langue lao, un "Lao", et non un Laotien ce que je croyais jusqu'ici tel une buse...), principalement des cultivateurs et éleveurs, en dehors des quelques villes du pays.

La remontée du Mékong vers le Yunnan chinois (et en bordure de Thaïlande et du Myanmar) prend une semaine depuis Luang Prabang, mais on peut partir de plus bas (les seuls obstacles sont les grands barrages, situés en Chine ou au sud du Laos, qui obligent à changer d'embarcation) : le trajet est vraiment agréable et intéressant, les gens très accueillants (en tout cas, ceux que nous avons rencontrés) et c'est un bon moyen alternatif (mais un peu roots) de découvrir le pays je pense!



                                                       


C'est donc armés du couteau de Martine que hop! on a dû se livrer à des expériences dignes des grands aventuriers :

 

  • traversée de rapides sur des ponts de bambous ne tenant que grâce à la volonté de Bouddha

                                                  

  • survie à l'aide de la pêche au filet dans les eaux boueuses du Mékong

                                                       

  • navigation sur le fleuve sur des longues et fines barques de pécheurs (qui eux ne sont pas tout à fait longs et fins mais l'équilibre était maintenu, ouf!)

                                                                     

  • recours aux bonzes et à la prière pour rendre les flots plus cléments quand nous ne pouvions traverser 
      Luang-Prabang-1-053.jpg


    . Régime de galettes de riz séchées, très robustes et rapides à faire

    . galettes-de-riz.JPG
     . participation à la fête en l'honneur d'une nouvelle maison dans le village des Kah-Mou où il a bien fallu tester l'alcool local (l'alcool de riz : le "Lao Lao") qui se boit à pleines jarres avec des pailles de 9 heures le matin (début de la fête) à minuit le soir, musique à fond!
    Le lendemain fut un peu douloureux ...

 

fête

Bon , Ok, alors , vous voulez le voir, alors voilà le couteau!



On est allé dans ce petit village Kha-Mou (ethnie minoritaire) au bord du fleuve, c'est totalement saisissant. Les gens étaient si gentils et enjoués de nous voir ! C'est le règne du bambou : tout est fait en bambou, depuis le minuscule petit panier tressé empli de quelques pétales de fleur pour la décoration jusqu'au toit et aux parois des maisons, les conduits d'irrigation, les arbalètes, les jeux que se fabriquent les enfants, les pontons, les barques,.. C'est génial, le bambou!! Quelques clichés ci-dessous.

 

Ce qui est surtout cool, c'est de se retrouver ensemble ici, mais comme je suis un peu une buse (comme quelques lignes plus haut, ça n'a pas changé), et bien j'ai oublié de faire des photos où on nous voit ensemble, c'est bête comme chou non ? Car pour l'instant qui vous dit que je ne suis pas peinardo en train de glandouiller sur internet bien au chaud chez moi alors que l'hiver sévit à Paris ? Ah ? Donc, il faut bien au moins UNE photo, la voici, la voilà, dans les jardins du palais de l'ancien Roi défunt (je mets une majuscule car on ne sait jamais, un des quatre enfants du dernier Roi du Laos, prétendant au trône donc, vivrait à Paris et si jamais il consultait ce blog et revenait au pouvoir sans que je n'ai pas mis de majuscule... ouille ouille ouille. D'ailleurs, Prince, si tu nous regardes, un salut gaillard et amical de ma part !).


                                                       
 



En plus, je m'améliore, car ça n'est pas toujours facile de voyager avec moi comme je suis un peu chiant sur les bords. Là, j'ai affaire à une voyageuse professionnelle qui a plein de trucs et astuces et qui sait super bien se débrouiller dans toutes les situations (certaines fois, je n'ose pas trop ou suis un peu impatient ... attitudes à proscrire évidemment!). Donc, j'apprends pas mal en plus sur la méthode du bon voyageur, hé, hé ...

 

Un dernier truc qu'il faut avoir en tête, c'est que c'est assez difficile de faire un blog au cours d'un tel voyage : je veux dire, ça demande une réelle discipline qui n'est pas juste de passer une p'tite demi-heure ici ou là sur internet. Il faut trier, réduire, organiser les photos, écrire régulièrement et bien se concentrer pour rédiger (parfois moi je préfèrerais faire une sieste plutôt que d'écrire...), vérifier et publier le contenu avec des connexions le plus souvent capricieuses, c'est donc plusieurs heures à consacrer régulièrement à cela (par exemple, présentement, ça fait 2h00 que j'y suis et il faut que je mette tout ça sur internet maintenant, et ça c'est TRES TRES long!!), bref, je trouve ça assez exigeant, donc chapeau bas la blogueuse !

 

Voilà pour Luang Prabang. Demain c'est départ pour le Cambodge et la région des temples d'Angkor où on pourra mettre cet article en ligne avant de conter d'autres aventures ...

                                                             


(Make Make a quand même mis 4 heures à publier cette petite page, un truc à vouloir s'exiler loin d'internet sur l'Ile de Pâques!!)

-Article rédigé par Pierre le 8 mars 2009-

commentaires

C
Hello les laos ! Hé bien mon pierrot, toi quand tu prends la plume tu ne fais pas semblant !! (comme qd tu prends la parole d'ailleurs... ooohhhh ça va je rigole :) C'est très intéressant et la précision de la description ajoutée à la manière d'écrire permet vraiment de s'imaginer les paysages et l'ambiance... Vous avec bien de la chance d'être là-bas tous les deux... Bon, 4h pour un article, c'est vrai que c'est pas rien !! heureusment que la connexion n'a pas sauté avant la fin ! allez, je me mets à lire l'histoire et la géographie du cambodge... Bisous à vous les aventuriers, plus rien ne peut vous arrêter maintenant... !!!
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Martine autour du monde ...

Carnets de voyage, avec pour chaque pays un résumé de la géographie, de l'histoire, des données démolinguistiques et politiques.

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