La ville et son environnement
La ville de Luang Prabang ( « La grande statue d'or sacrée », 44 000 habitants avec sa « banlieue » , classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1995, est située au centre du Laos, au confluent du Mékong et de la rivière Nam Kane aux eaux couleur de boue, due à la couleur de la terre calcaire mais aussi à la pollution des bateaux qui sont encore la principale voie de transport ici.
Actuellement, c'est la fin du printemps et de la saison sèche, l'eau est à son plus bas niveau.
Celui-ci est aussi très dépendant des barrages chinois en amont... Cela ne préoccupe guère les chinois m' a-t-on dit! Il n'a pas plu une seule fois depuis que je suis ici, et la température de 25/30° le jour, descend fortement le soir. Les nuits sont relativement fraîches ce qui est bien agréable! Mais on me dit que le meilleur moment pour venir ici, c'est novembre.
Les rives du fleuve et de la rivière , bordés de jolies collines qui commencent à verdoyer, sont très cultivées et abritent de petits villages habités par divers groupes ethniques, notamment ici les HMONG ( qui font partie des Laos Sung) et les KHA -MOU ( qui font partie des Laos Theung) ).
Le Laos est en pleine mutation depuis une dizaine d'année : j'ai discuté avec beaucoup de français qui le connaissent bien, et me disent ne pas le reconnaître d'une année sur l'autre : le tourisme et tout ce qui en dérive, lui enlève de plus en plus de son authenticité et de son intégrité légendaire : le marchandage et le business ont remplacé le troc qui prévalait encore en 1995, les parents vendent leur parcelle de terre, leur rizière, pour acheter mobylettes et téléphones portables à leurs enfants ... la violence et les vols commencent à apparaitre : hier deux touristes se sont fait voler leurs sacs ce qui était impensable il n'y a pas si longtemps ... Luang Prabang devient bruyant à cause surtout des mobylettes et des tuk tuk ( en plus des coqs ....), les vendeurs à la sauvette sur les trottoirs sont légion, tolérés, malgré l'interdiction ...les prix de l'hôtellerie grimpent et peuvent atteindre des sommets scandaleux, même si dans l'ensemble le coût de la vie, dans l'ensemble, est ici dérisoire pour nous. Il y a encore 10 ans il n'y avait pas d'électricité à Luang Prabang! Le salaire moyen est de 100 dollars par mois, celui d'un très bon guide de 250 dollars. Mais il y a beaucoup de « nouveaux riches » comme ils disent, la corruption et les passe-droits sont très courants. Pour devenir fonctionnaire « il faut connaitre quelqu'un ». Même chose pour la justice : au départ, c' est le chef du village ( élu par les habitants ) qui tranche, ensuite, il faut aller voir les juges « professionnels » nommés par le gouvernement. L'adultère conduit systématiquement en prison. Le divorce existe bien : si les deux époux sont d'accord pas de problème, on partage les biens familiaux par moitié, sinon le « coupable » qui veut quitter son conjoint peut le faire, mais doit lui abandonner tous ses biens.
Ceci dit, tout n'est pas négatif ! Loin de là !
Le tourisme fait vivre bien des gens qui profitent un peu du progrès par ricochet (emplois – dans les hôtels et les restaurants où les employés sont largement en surnombre - : électricité, école en principe obligatoire dès 6 ans, la médecine en est à ses balbutiements : la moitié des enfants meurent encore avant l'âge de cinq ans, et les cas difficiles sont envoyés à Ventiane voire Bangkok - , routes qui commencent à être bitumées etc ...)
C'est encore la douceur de vivre, la beauté de paysages intacts, d'une population qui peut être très accueillante, même s'il est surprenant que dans certains endroits un peu éloignés, les gens semblent nous ignorer ...
Mon guide ( un guide parlant français, extrêmement cultivé en plus, pour moi toute seule pendant 7 jours... quelle aubaine !! ) m'expliquait que cela ne devait pas me choquer : ça fait partie de leurs habitudes ancestrales , c'est comme ça! Il me disait que lui-même n'avait jamais embrassé ses parents! : les gens ne se touchent pas, on salue en se penchant un peu, les mains jointes. Mais on peut aller visiter les villages, regarder, prendre des photos, cela n'es pas inconvenant. En revanche, donner de l'argent peut être très mal vu .... enfin, comme je disais tout à l'heure.... de moins en moins!!!
Luang Prabang, c'est un peu comme Bali : quand on se perd dans les petites ruelles, derrière les jolies façades des restaurants, c'est ce que nous appellerions chez nous, la grande la pauvreté . Les gens ont des visages tristes et fatigués. Le petit gardien de nuit de l'hôtel ou je suis – 21 ans -, qui passe ici toutes ses nuits sous le porche 6 jours sur 7, dort par terre sur une natte et semble très fatigué.
Luang Prabang, c'est aussi son marché « local » où je suis allée faire les courses avant de prendre un cours de cuisine ... fabuleux.
Et ses temples bien sûr, ce sera l'objet du prochain article :)
Photos:
- La rivière Nam Kane
- la rue principale et les marchands ambulants sur les troittoirs
- une petite fille qui a mal aux mains après avoir déchargé des paquets
-un champ de riz
-le marché local .
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