Muang sing , environ 50 000 habitants y compris tous les villages alentours, est située dans une vallée de rizières, tout au nord, à 10 km de la frontière chinoise. Certains touristes vont voir cette frontière, mais c'est parait-il sans intérêt.
On m'a dit que les Lao peuvent passer la frontière sans passeport pour 5000 kips (50 centimes d'euros et y rester 1 mois … à vérifier).
La ville en elle-même n'est pas belle : une rue principale et des ruelles latérales en terre qui mènent aux rizières et villages.
L'accueil dans ma guesthouse , d'un niveau de confort un supérieur à celle de Luang Namtha, est sympa sans plus , à l'exception du jeune homme qui semble la diriger. Toujours pas de rideaux occultants , mais c'est normal, il fait nuit à 20h et on se lève avec le jour à 6h du matin. Les chiens et les coqs qui braillent, les haut-parleurs qui diffusent les informations du jour dès 6h30 (normal aussi il n'y a pas de journaux...).
Phu Lou guesthouse :
Tous les villageois de la vallée sont descendus des montagnes entre 98 et 2000 quand le gouvernement a décidé d'arrêter la culture de l'opium. En 1998 on produisait ici 1000 tonnes d'opium par an. Ils sont alors devenus des « chaona » , ouvriers des rizières et autres culture pour un salaire d'environ 70 à 80 euros par mois.
Les Chinois envahissent toute la région ici, et la forêt primaire – et même la ZNP la zone protégée - a partiellement disparue : remplacée par des forêts de teck, d'hévéas (caoutchouc), de gros troncs d'arbres récupérés par terre au bord des rivières (arbres dont je n'ai pu savoir le nom exact, du "bois de rose" semble-t-il qui servent à faire des sculptures), et de « kam » qui sert à faire notamment les balais... tout cela direction la Chine et les autres pays limitrophes.
Quant aux cultures vivrières ici : canne à sucre, maïs, riz, légumes, pastèques, tamarin .
Avec un jeune homme local , qui m'a dit être guide, et son petit garçon de 3 ans, j'ai pu visiter en quelques heures des villages Akha, Thaï, Yao et Hmong, situés juste à quelques km du centre ville.
Dans l'ensemble, les traditions disparaissent, remplacées par les téléphones portables auxquels les lao sont très très accros… Je n'ai vu que très peu de femmes portant leur vêtements ethniques. Les conditions de vie sont manifestement très difficiles et tout exprime à l'évidence une extrême pauvreté. Les villages sont très sales, les égoûts affleurent et les enfants y mettent les pieds avec les canards et les porcs.
Enfin, j'ai trouvé les villageois très peu accueillants, pour le moins complètement indifférents, à l'égard des farangs que nous sommes, ce que je comprends parfaitement. Cette phrase de Christian Bobin me revient à l'esprit :
"Qui es-tu?" Faire sans cesse l'effort de penser à qui est devant toi, lui porter une attention réelle, ne pas oublier qu'il vient d'ailleurs, que ses goûts, ses pensées et s"es gestes ont été façonnés par une longue histoire, peuplée de beaucoup de choses et d'autres gens que tu ne connaîtra jamais. Te rappeler que celui ou celle que tu regardes ne te dois rien.. Aimer celui qui est devant toi, l'aimer d'être ce qu'il est, une énigme et non pas d'être ce que tu crois, ce que tu crains, ce que tu espères, ce que tu attends, ce que tu cherches, ce que tu veux".
1 - L'entrée du village AKHA , animiste, est protégé par la « spirit gate » laquelle est censée repousser les mauvais esprits. Le portique de bois qui garde l'entrée, est équipé de morceaux de bois en forme de canons, de fusils etc.... D'autres animistes mettent de petits drapeaux de voeux au centre du village. Il y avait aussi une grande fête pour l'inauguration d'une maison, comme souvent (les villageois font beaucoup de fêtes!) et comme d'habitude aussi l'alcool de riz coulait à flots !
2 – les villages THAI (Thai Nua, Thai Lue, Thaï Dam - famille linguistique Thaï Kadai) :
Ils sont en général bouddhistes, font du tissage, de l'alcool de riz et de maïs, des nouilles :
Un temple bouddhiste en bien mauvais état :
Fabrication de l'alcool de riz (le lao alo):
Le riz cuit à la vapeur, sèche avec différents épices, macère dans des pots pendant une semaine, puis est distillé
Fabrication de l'alcool de maïs:
Le maïs (et le riz) sont ensuite donnés à manger aux animaux
Fabrication des nouilles de riz :
la pâte de riz broyé est cuite sur des plaques quelques secondes, puis sèche, est roulée, puis coupée sur le marché. El.le sert surtout à mettre dans les soupes.
Fabrication des bonbons de canne à sucre :
On broie à la machine ce qui est bon dans la canne à sucre, on la cuit pour en faire une pâte, on fait sécher dans des "tuyaux", et on coupe pour en faire des bonbons que l'on trouve partout ici. Bon mais très sucré !
3 - Village YAO :
Les femmes Yao portent ce large bandeau bleu noué sur la tête, et cette écharpe rouge autour du cou.
L'une d'elles m'a vendu un très joli petit sac brodé,
Puis le chauffeur à été chez lui fumer la pipe à eau, tandis que sa femme se faisait un shampoing
4 - Village HMONG
J'en profite pour faire une petite parenthèse sur la minorité Hmong qui avait soutenu la guerre américaine :
Elle a longtemps constitué un sujet de préoccupation car des milliers de Hmongs avaient fui le Laos pour se réfugier en Thaïlande depuis la fin de la guerre du Vietnam en 1975 et certains étaient restés pour mener une guérilla dans des régions isolées. Après un accord bilatéral entre les deux pays, plus de 4500 Hmongs laotiens ont été rapatriés des camps thaïlandais fin 2009. La communauté internationale, dont la France et l'Union européenne, s'est inquiétée des conditions de rapatriement et du sort de ces personnes. Les anciens exilés hmongs ont été relogés dans leurs villages d'origine ou de nouveaux villages construits à cet effet. La question Hmong est en voie d'apaisement, ne présentant plus aucun risque de destabilisation politique. La France, avec ses partenaires européens, américains, australiens et canadiens continue de suivre la situation et la question de son intégration;
J'ai pu observer la récolte du "Kam" : qui sert à la fabrication des balais, mais dont les feuilles servent aussi à enrouler le riz pour le faire cuire :
Enfin aujourd'hui, avant le petit déjeuner, un tour au marché du matin car on avait dit que les villageoises s'y rendaient en costumes traditionnels… ce qui n'est plus vrai … mais j'ai pu parfaire ma culture « fruits - légumes », c'est déjà pas mal !
Beignets à la banane et à la noix de coco :
Petits oignons très fins pour la soupe et les plats de légumes, coriandre et brocolis :
Escargots et feuille de bananiers pour enveloper la nourriture, la faire cuire, et servir d'assiette :
Fleurs de bananier , navets :
Petites courges et sapotilles (ressemble à nos kiwis)
Nouilles vendues avec leur sauce :
Départ demain matin pour Muang La.
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