Nous voilà reparties sur une route pratiquement déserte, où les lamas sont rois ! les paysages sont fascinants par les dégradés de couleurs : du brun au jaune, en passant par le vert, le violet ... bref, toute la palette de l'arc en ciel sous nos yeux
Potosi : Avec ses 145 000 habitants, classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO, Potosi est la ville de plus 100 000 habitants la plus haute du monde : 4090 mètres ! Eh oui on était encore une fois au bord de "l'apoplexie" et nous avons passé toutes les deux une nuit mouvementée (c'est vrai aussi qu'on avait beaucoup trop marché dans l'après midi ).
La ville est surprenante par sa topographie : elle s'étend sur plusieurs collines, lesquelles sont dominées par la masse imposante du "Cerro Rico" (la montagne des mines d'argent). Les ruelles pavées montent et descendent à pic, entraînant non seulement la difficulté à respirer, mais une très forte pollution ( les pots d'échappement s'en donnent à coeur joie :) .... Les monuments de la ville laissent percevoir la splendeur passée , mais aujourd'hui c'est plutôt tristounet, laissé à l'abandon faute d'entretien ... ,
la cathédrale, la Palais de la Moneda, sur les hauteurs de la ville au "marché des mineurs"
Potosi est surprenante par son histoire : grâce à sa mine d'argent découverte par les incas, puis par les colons qui l'ont exploitée à partir du 16ème siècle, elle a fait la richesse de l'Espagne et le malheurs de milliers d'indiens quechuas , aymaras, et africains qui y ont perdu leur vie à cause des conditions d'exploitations catastrophiques... Aujourd'hui les 45 mines qui restent, où travaillent encore 18 000 mineurs sont exploitées sous forme de concessions octroyées par l'Etat à 45 coopératives dont les responsables sont souvent corrompus et dégagent des profits importants aux dépens du simple mineur dont le salaire moyen est de 50 bolivianos par jour ( 7 euros) , avec tous les risques que cela comporte : monoxyde de carbone notamment, la vie moyenne d'un mineur étant de 45 ans ! Ils sont atteints de silicose. Et les enfants peuvent y travailler aussi en dehors de leur heures d'école. La mine fonctionne 24h sur 24 .
Aujourd'hui il n'en reste que 3000 entrées dans les mines, dont la moitié seulement sont pratiquables. De 1953 à 1982 les mines ont été étatisées. Puis n'étant lus assez rentables elles ont été privatisées, sous forme de coopératives. La dernière mine d'étain de l'Etat à été fermée puis rachetée par une entreprise canadienne qui traite les vieux déchets ... et dégage 2 millions de dollars par jour ... une bonne affaire !
La solution serait sans doute de faire une mine à ciel ouvert pour éviter toute cette souffrance subie par les ouvriers mineurs, mais 2 choses s'y opposent : la nature sacrée de la montagne qu'il ne faut pas détruire et ...le fait qu'Evo Morales est propriétaire de plusieurs mines (nous a-t-on dit ).
Bref, nous sommes allées visiter avec notre guide, un tunel de minedu Cerro Rico, appartenant à une coopérative ... une expérience dure, douloureuse et inoubliable ... Nous avons du acheter avant d'entrer quelques petits cadeaux pour les mineurs ( ce que j'ai trouvé complètement absurde et contradictoire car je pense que ce sont plutôt les propriétaires des concessions qui devraient mieux payer leurs ouvriers ... mais tradition oblige ...)
Avant d'entrer nous avons du aussi mettre des habits de protection. Nous avons examiné les explosifs dont se servent les mineurs pour faire éclater la pierre et les filons d'argent et d'étain, et les "stimulants" que les mineurs ingurgitent à longueur de journée pour "tenir le coup" ( feuilles de coca, catalyseurs, cigarettes, bicarbonate de soude ) - ci dessous dans l'assiette)
Dans la mine nous vons vu le "Tio" : le dieu de la mine que les mineurs honorent en lui faisant des offrandes (feuilles de coca, cigarettes, alcool, sang de lama ...) pour implorer sa protection ...
Quelques photos pour illustrer tout ça (diaporama) :
Sans commentaire ...
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